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Passionné de culture pop, écrivain-voyageur et vétéran des cosmos pixelisés, j’ai troqué mon sac à dos contre une manette pour explorer ce sanctuaire insolite niché dans la terre natale de Nintendo. Voici mon immersion totale au Nintendo Museum de Kyoto.
En octobre 2024, Nintendo a ouvert à Kyoto un musée entièrement dédié à son histoire, à ses personnages et à sa philosophie du jeu. Niché à Uji, dans l’ancien bâtiment de l’usine Uji Ogura où la firme produisait ses célèbres cartes hanafuda et entretenait ses consoles, ce musée marque une nouvelle étape dans la stratégie patrimoniale de Nintendo. Il ne s’agit pas d’un simple lieu d’exposition mais bien d’une expérience pensée comme un pont entre le passé, le présent et l’imaginaire des joueurs du monde entier.
Dès l’arrivée, le bâtiment surprend par son apparente sobriété extérieure, en contraste avec les éléments ludiques qui surgissent au détour des allées menant à l’entrée. Le logo classique de Nintendo trône fièrement sur la façade blanche, tandis que des détails familiers – comme les tuyaux verts inspirés de Super Mario – s’intègrent discrètement dans l’architecture. Une fois les portes franchies, le charme opère immédiatement. L’ambiance intérieure mêle épure japonaise et clins d’œil visuels constants à l’univers de la firme : musique 8-bit en fond sonore, projections murales, vitrines colorées et écrans interactifs, tout est pensé pour plonger le visiteur dans un monde où chaque pixel a son importance.
Le musée s’organise sur deux niveaux principaux. À l’étage supérieur, on découvre une rétrospective chronologique de l’évolution de Nintendo, depuis ses débuts en tant que fabricant de cartes à jouer à la fin du XIXe siècle jusqu’à l’ère contemporaine des consoles hybrides. C’est ici que l’on prend réellement conscience de la diversité des produits de la marque : jeux de société, jouets électroniques, premières consoles comme la Famicom, consoles portables mythiques telles que la Game Boy ou la DS, jusqu’à la Switch, qui occupe une place de choix dans la scénographie. Les objets sont présentés avec un soin remarquable, et certains prototypes ou modèles rares ne manqueront pas de faire vibrer la fibre nostalgique des plus anciens visiteurs.
Cependant, malgré cette mise en scène impressionnante, j’ai été quelque peu déçu par le manque de contextualisation historique. Les explications fournies sur les panneaux sont succinctes, souvent limitées à une date et un nom de produit. Pour qui ne connaît pas déjà l’univers Nintendo, ou pour ceux qui souhaitent en apprendre davantage sur l’impact de certains jeux ou consoles dans l’histoire du média vidéoludique, l’expérience reste un peu en surface. Un audioguide ou des vidéos explicatives plus détaillées auraient pu enrichir considérablement cette première partie de la visite.
Le rez-de-chaussée, quant à lui, se veut bien plus interactif. C’est ici que Nintendo déploie tout son savoir-faire en matière d’amusement et d’innovation ludique. Chaque visiteur reçoit une dizaine de jetons numériques qui lui permettent de participer à des mini-jeux ou d’interagir avec des installations inspirées des jouets historiques de la firme. On peut ainsi tester sa dextérité avec l’Ultra Hand, une pince télescopique des années 60 remise au goût du jour, ou encore jouer avec des bornes géantes de Game & Watch, ces célèbres jeux électroniques portables. L’installation dédiée au Love Tester, un gadget humoristique des années 70, provoque des éclats de rire chez les couples venus s’y mesurer. Le musée transforme alors la nostalgie en pur moment de plaisir.
Parmi les espaces les plus originaux, l’atelier de fabrication de cartes hanafuda constitue une expérience particulièrement marquante. Sur réservation, les visiteurs peuvent créer leur propre jeu de cartes à l’aide de pochoirs et d’encre, guidés par des animateurs. Cette activité fait le lien entre la tradition artisanale japonaise et la culture pop de Nintendo, et permet d’appréhender autrement les racines profondes de l’entreprise. En redécouvrant les gestes simples de l’imprimerie manuelle, on comprend mieux l’attachement de Nintendo à l’idée de transmission, de jeu en famille, et d’invention continue.
La visite se prolonge par une boutique très bien achalandée, où l’on peut acheter des produits exclusifs comme des figurines, des objets de papeterie, des vêtements ou encore des cartes hanafuda modernisées. Le musée ayant instauré des quotas d’achat par personne, l’expérience reste agréable et évite les scènes de frénésie commerciale parfois observées dans d’autres sites de la marque. Juste à côté, le café Hatena Burger propose une carte inventive, avec des plats et boissons inspirés de l’univers Nintendo. On peut y déguster un burger « Question Block », une boisson bleue comme une carapace de Mario Kart, ou encore une salade Pikmin aux couleurs vives. L’ambiance y est conviviale et le service impeccable, même en période d’affluence.
En termes de fréquentation, il faut noter que l’accès au musée se fait uniquement sur réservation préalable, via un tirage au sort mensuel en ligne. Cette procédure peut paraître contraignante, mais elle garantit une expérience fluide et évite la surpopulation. Le personnel est attentif, prévenant et parle généralement anglais, ce qui facilite la visite des touristes étrangers. L’ensemble du musée est accessible aux personnes à mobilité réduite, et plusieurs zones permettent de s’asseoir, de recharger ses appareils ou de consulter les plans interactifs du musée.
Mon impression générale est très positive, même si le musée penche plus du côté du parc d’attractions culturel que de l’institution muséale classique. On est ici dans une logique d’émotion, de souvenir et de plaisir de jeu, bien plus que dans une démarche pédagogique ou analytique. Cela n’enlève rien à la qualité de l’expérience, mais il faut en être conscient pour ne pas s’attendre à une étude approfondie de l’histoire du jeu vidéo ou de l’économie de Nintendo. Le musée s’adresse avant tout aux fans, aux familles et aux curieux qui souhaitent revivre un morceau de leur enfance ou mieux comprendre pourquoi Nintendo est devenu un acteur majeur du divertissement mondial.
Ce qui m’a le plus touché dans cette visite, c’est la manière dont chaque détail semble pensé pour déclencher une émotion. L’écho d’un jingle, la forme d’un objet, le souvenir d’une manette dans la main… Tout semble convoquer une mémoire sensible, une forme de madeleine de Proust pixelisée. Même les enfants qui n’ont jamais connu la NES ou la GameCube s’amusent, sans besoin de nostalgie. C’est là, peut-être, la véritable magie de Nintendo : rassembler les générations dans une bulle de jeu et d’émerveillement.
En définitive, le Musée Nintendo de Kyoto est une réussite. Il ne répond pas à toutes les attentes des passionnés d’histoire ou des universitaires, mais il offre un moment suspendu, joyeux et profondément cohérent avec l’esprit de la marque. Il constitue un passage obligé pour tous les voyageurs de passage à Kyoto, qu’ils soient joueurs invétérés ou simples amateurs de culture japonaise contemporaine. L’entrée, certes un peu chère (environ 3 300 yens), est largement compensée par la richesse de l’expérience proposée.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Avez-vous déjà tenté de visiter le Musée Nintendo de Kyoto ? Quels sont vos souvenirs les plus forts liés à cette marque emblématique ? Seriez-vous prêts à fabriquer vos propres cartes hanafuda ou à rejouer sur une console géante ? Partagez vos impressions en commentaire, ou identifiez un ami fan de Mario, Zelda ou Pokémon à qui cette visite ferait briller les yeux !
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Je partages avec passion ses analyses affûtées et ses coups de cœur culturels. Cinéphile curieux, gamer invétéré et explorateur infatigable de sorties en tout genre, il aime plonger dans les univers variés que proposent les films, les jeux vidéo, les séries et les événements culturels. Pour moi, chaque œuvre est une expérience à vivre, à comprendre et à transmettre — avec justesse, humour et un brin de subjectivité assumée.
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