
Allumeuses ! (titre français de The Sweetest Thing, 2002) débarque comme un film qui a tout prévu sauf d’être sage. Réalisé par Roger Kumble et écrit par Nancy Pimental (scénariste de South Park), le film met en scène trois jeunes femmes à San Francisco — Cameron Diaz, Christina Applegate, Selma Blair — dont les aventures semblent autant guidées par leur libido que par leur sens de l’amitié. La comédie sort le 12 avril 2002, reçoit un accueil critique glacé, mais forge avec le temps une fanbase culte, en particulier grâce à son ton franchouillard et son humour carrément salace.
Rapide comme une piquette
Christina (Cameron Diaz), Courtney (Christina Applegate) et Jane (Selma Blair) cohabitent à San Francisco. Jane sort d’une rupture difficile, alors ses deux amies décident de l’emmener en boîte pour l’illuminer un peu. Ce soir-là, Christina croise Peter (Thomas Jane) au club : coup de foudre express… mais filer comme un voleur en oubliant de préciser qu’il est au mariage de son frère. Ni une ni deux, les filles embarquent dans une virée rocambolesque pour le rattraper… aventures hilarantes et situations outrées incluses.
« Maintenant, on casse le moule » : Roger Kumble, le provocateur
Roger Kumble, connu pour Cruel Intentions, apporte à Allumeuses ! un sens du rythme et des cadres calibrés pour les gags trash. Le film reprend sa patte furieusement pop-psychologique et la projecteurise dans une esthétique rock-chic, loin des codes de la comédie rom-com traditionnelle. Nancy Pimental adapte ses propres excentricités — situées dans la vie de serveuse et inspirées par un groupe de clientes provocantes — pour en faire un scénario volontairement dégraissé de toute prudence féminine.
Trio à l’os : actrices en roue libre
Cameron Diaz incarne Christina avec un mélange de sex-appeal crânien et d’auto-dérision croquante : son énergie est un rayon de soleil trempé dans le trash. Christina Applegate, en Courtney, compose le rôle de la meilleure amie qui termine ses phrases et enchaîne les punchs vintage ; comédienne au timing comique impeccable, comme le rappelle Diaz. Selma Blair, en mode courageux, affronte les séquences les plus osées (voir plus bas) avec une abnégation rare. Le trio fonctionne en copilote trash-queer, porté par une complicité d’improvisation salutaire.
Cameron Diaz en vedette
Cameron Diaz occupe une place centrale dans Allumeuses, confirmant son statut d’icône hollywoodienne des années 2000. Révélée au grand public grâce à son rôle explosif dans The Mask en 1994, elle s’est rapidement imposée comme l’une des actrices les plus populaires de sa génération, capable de naviguer entre la comédie, le drame et les rôles plus décalés. Dans ce film, elle incarne une femme à la fois séduisante, vulnérable et pleine d’assurance, démontrant une fois de plus l’étendue de sa palette de jeu. Sa capacité à passer de la légèreté à l’émotion brute apporte une dimension supplémentaire au récit et lui confère une authenticité rare.
Le tournage d’Allumeuses a permis à Diaz de montrer une facette plus nuancée de son talent, loin des simples rôles comiques auxquels on l’avait parfois cantonnée. Sa performance se distingue par son naturel et son charisme, capables de capter l’attention sans jamais tomber dans la caricature. On sent chez elle une grande maîtrise du rythme comique, mais aussi une réelle sensibilité lorsqu’il s’agit d’explorer les failles et les doutes de son personnage.
Au-delà de sa performance, Cameron Diaz représente à l’écran une figure féminine moderne, indépendante et forte, tout en restant accessible au spectateur. Cette dualité entre glamour et proximité, qu’elle incarne avec aisance, contribue largement au charme du film. Si l’on ajoute à cela son alchimie avec les autres acteurs du casting, on comprend pourquoi sa prestation est souvent citée comme l’un des points forts d’Allumeuses.
Improvisations, collines et road-trip à San Francisco
Le tournage part de centre LA, puis traîne ses talons hauts dans les rues pentues de San Francisco (Club à Chinatown, Pier 7 à l’Embarcadero, route de Marin County, Golden Gate Park, etc.). L’ambiance road-movie trash-girly se construit à mesure que les actrices investissent leurs dialogues et situations en impro, en particulier la complicité entre Diaz et Applegate.
Raunch moderne ou racket moral ?
Non, Allumeuses ! ne réinvente ni la forme ni le fond de la comédie romantique. Mais il la déshabille, la retourne, lui colle des gags bien crades (glory-hole, sexe comique, piercing malheureux), la propulse dans le trash féministe. Oui, cette couleur est déjà vue chez les Frères Farrelly (There’s Something About Mary), mais ici, elle est revendiquée par des femmes en avant, sans filtre ni excuse. Et ça en fait un objet rare au début des années 2000.
Les actrices sont-elles bonnes dans leurs rôles ?
Exactement là où il faut être. Cameron Diaz chausse des extravagances de diva pop. Christina Applegate équilibre sex-appeal et cynisme, en complice parfaite. Selma Blair, pour le gag du piercing coincé, fait preuve d’un engagement physique surprenant (le tournage fut douloureux), offrant un spectacle comique à la fois absurde et humain.
Le film qu’on cite en secret
Sur IMDb, le film reste moyen (~5/10), mais sur Reddit se dessine une mythologie collective. Users évoquent scènes cultes (« glory-hole », « la chanson du pénis », la danse en haut de la colline, l’assaut de Jason Bateman). Beaucoup le décrivent comme “un film ahead of its time”, un girls-rule rom-com trash avant Bridesmaids ou Girls Trip. Le ton, l’identité féminine haute voltage, lui valent un statut de comédie culte et une affection fidèle.
Verdict cru et savoureux : tout sauf sage
Allumeuses ! ne se perd pas à prétendre grandir le genre. Il assume sa scatologie (glory-holes, piercings, chansons NSFW), son féminisme désinhibé, ses gags scabreux, son absence de finesse romantique — et c’est précisément ça qui fait sa force. Les comédies romantiques datées ont oublié cette idée : la sexualité des femmes peut être vulnérable, débridée, drôle, et non moralement édulcorée. Le film manque de subtilité, c’est vrai. Mais qui peut rester impassible devant Cam-App-Blair qui chantent « I Don’t Want to Miss a Thing » la bouche pleine… de quoi, on ne saura jamais vraiment ?
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