Endiablé : Une Comédie Surnaturelle qui Séduit et Frustre à la Fois

Films / Publié le 21 septembre 2024 par Charles-Henry
Temps de lecture : 7 minutes
diabolique
Endiablé : Une Comédie Surnaturelle qui Séduit et Frustre à la Fois

« Endiablé » (Bedazzled en version originale) est une comédie fantastique réalisée par Harold Ramis et sortie en 2000. Il s’agit d’un remake modernisé du film britannique éponyme de 1967. L’histoire suit Elliot Richards (Brendan Fraser), un homme solitaire, mal dans sa peau et socialement maladroit, qui est secrètement amoureux de sa collègue Alison Gardner (Frances O’Connor). Un soir, désespéré par sa situation, il fait la rencontre inattendue du Diable, incarné par une séduisante femme (Elizabeth Hurley), qui lui propose un pacte : elle exaucera sept de ses vœux en échange de son âme. Convaincu que ses vœux résoudront tous ses problèmes, Elliot accepte. Mais chaque désir formulé par Elliot se retourne contre lui, et il apprend bientôt que ses rêves de succès, d’amour et de reconnaissance sont beaucoup plus complexes qu’il ne le pensait.

À travers chaque vœu, le film explore diverses facettes de la société moderne, des désirs superficiels à la quête de soi, le tout avec un ton comique et légèrement moraliste. À la fin, Elliot découvre que le bonheur et l’amour véritable ne peuvent être atteints qu’en acceptant qui il est, plutôt que d’essayer de devenir quelqu’un d’autre à travers des transformations extérieures.

Harold Ramis, le réalisateur du film, est une figure iconique de la comédie américaine. Né en 1944, Ramis est surtout connu pour ses contributions à des comédies cultes comme Ghostbusters (1984), Caddyshack (1980) et Un Jour sans Fin (1993). Avec une carrière longue et prolifique, il s’est imposé comme l’un des réalisateurs et scénaristes les plus influents de la comédie américaine. Ramis avait un talent particulier pour mélanger des concepts fantastiques ou surréalistes avec des situations humaines quotidiennes, ce qui lui permettait de créer un humour qui, bien que léger, avait souvent une profondeur inattendue. Endiablé s’inscrit dans cette tradition, offrant une histoire de pacte faustien revisitée dans un cadre contemporain, avec la touche de fantaisie et de comédie absurde qui caractérise son œuvre.

À l’époque du film, Brendan Fraser était déjà un acteur bien établi, notamment grâce à ses rôles dans George de la jungle (1997) et La Momie (1999). Dans Endiablé, Fraser déploie une large gamme d’expressions comiques et d’interprétations physiques, incarnant un Elliot maladroit et timide, tout en explorant une variété de personnalités dans les différentes versions de ses vœux. Fraser montre ici qu’il a un réel talent pour la comédie, en particulier dans les rôles où le comique de situation et l’humour exagéré sont à l’honneur. Elizabeth Hurley, alors au sommet de sa popularité après son rôle dans Austin Powers (1997), incarne un Diable sexy, espiègle et sarcastique. Elle est à la fois séduisante et menaçante, utilisant son charme pour manipuler Elliot. Le personnage du Diable dans ce film est une représentation très stylisée de la tentation, et Hurley, avec son sens inné du glamour et son sourire en coin, joue parfaitement ce rôle, même si son interprétation reste assez unidimensionnelle. Frances O’Connor, qui joue le rôle de l’objet des désirs d’Elliot, Alison, apporte une touche de simplicité et de douceur au film. Bien que son personnage ne soit pas central, elle représente le « prix » qu’Elliot espère obtenir à travers ses vœux. Son rôle est davantage symbolique qu’émotionnellement profond, mais elle reste un contrepoids important à l’énergie excessive de Fraser et Hurley.

Endiablé est une comédie légère qui repose principalement sur ses deux têtes d’affiche, Brendan Fraser et Elizabeth Hurley, et leur dynamique en tant qu’homme désespéré et diable tentateur. En tant que remake modernisé du film de 1967, le film tente de donner un nouveau souffle à une vieille histoire en la plaçant dans le contexte de la société contemporaine des années 2000. Pourtant, malgré ses qualités et son potentiel comique, le film laisse une impression mitigée.

Le principal atout du film est sans aucun doute Brendan Fraser. Son jeu comique est particulièrement efficace, surtout lorsqu’il interprète les différentes personnalités créées par ses vœux. Que ce soit en joueur de basketball immense mais idiot, en écrivain sensible à l’extrême, ou en homme d’affaires impitoyable, Fraser s’amuse visiblement à jouer des stéréotypes et des caricatures, et son plaisir est communicatif.

Elizabeth Hurley, quant à elle, incarne un Diable à la fois élégant et venimeux. Elle est parfaite pour ce rôle, apportant à la fois du charme et une touche d’ironie qui donne au film une certaine légèreté. La relation qu’elle entretient avec Elliot tout au long du film est un jeu constant de manipulation et de tentation, et même si le scénario ne lui permet pas de s’éloigner d’une interprétation très linéaire, elle reste captivante.

Enfin, Endiablé explore des thèmes universels tels que la quête du bonheur, le désir de transformation et la superficialité des apparences avec une approche satirique. L’idée que chaque vœu a un prix est bien exécutée, même si elle reste assez prévisible.

Malgré ces qualités, le film a ses défauts. Tout d’abord, le scénario de Endiablé ne parvient pas toujours à maintenir un équilibre entre la comédie burlesque et la profondeur émotionnelle. Les leçons morales qu’il tente de transmettre sont souvent noyées dans des gags répétitifs et des situations exagérées. Si l’on rit aux dépens d’Elliot, on finit par perdre de vue l’essence de son parcours personnel, car le film ne prend jamais véritablement le temps de développer ses personnages en dehors de leurs facettes comiques.

De plus, l’histoire elle-même devient rapidement répétitive. Chaque vœu d’Elliot est une variation sur le même thème : il souhaite quelque chose, l’obtient avec un twist indésirable, et revient à la case départ. Si cela peut prêter à des situations comiques dans un premier temps, le schéma finit par lasser et manque de créativité dans la résolution des différents segments.

En outre, le personnage d’Alison, bien que central dans la quête d’Elliot, est presque une figure accessoire. Sa représentation comme l’incarnation du désir romantique idéal est quelque peu dépassée, et le film ne lui accorde pas beaucoup de développement en dehors de son rôle d’élément de motivation pour Elliot.

Enfin, le film souffre d’un manque d’ambition visuelle. Pour une comédie fantastique impliquant des transformations et des réalités alternatives, les décors et effets spéciaux sont assez limités. On aurait pu s’attendre à quelque chose de plus visuellement inventif, surtout venant d’un réalisateur comme Harold Ramis, habitué à des concepts narratifs plus audacieux.

En fin de compte, Endiablé est une comédie agréable mais sans grande ambition, qui repose sur le talent comique de ses acteurs principaux pour compenser un scénario quelque peu prévisible et répétitif. Si le film amuse, il ne parvient pas à marquer les esprits, et son message moral sur l’acceptation de soi, bien qu’honorable, est dilué par une approche trop superficielle et trop focalisée sur le comique de situation.

C’est un film que l’on regarde avec plaisir pour passer un bon moment, sans toutefois en attendre plus qu’un divertissement léger.

Endiablé

« Endiablé » (titre original : Bedazzled) est une comédie fantastique sortie en 2000, réalisée par Harold Ramis. Le film est un remake du film britannique de 1967 du même nom. Il mélange humour et surnaturel pour raconter l’histoire d’un homme prêt à tout pour changer sa vie, même conclure un pacte avec le diable. Elliot Richards […]

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