Karate Kid: Legends — Retour aux racines, coups de pied dans le cœur

Films / Publié le 23 septembre 2025 par Charles-Henry
Temps de lecture : 9 minutes
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La franchise qui joue la carte de l’héritage

Avec Karate Kid: Legends, la saga célèbre revient sur grand écran pour tenter un double pari : satisfaire la nostalgie des fans tout en lançant une nouvelle génération de héros. Jonathan Entwistle, venu du petit écran, met en scène ce sixième volet qui réunit des visages familiers — Jackie Chan et Ralph Macchio — et introduit Ben Wang comme nouveau protagoniste. Le film est pensé comme une passerelle entre les univers (la version de 2010, la franchise originale et la série Cobra Kai), un exercice d’équilibre entre respect du passé et volonté d’ouvrir un nouveau chapitre.

Un jeune prodige entre Kung Fu et amitié

Li Fong, jeune prodige du kung fu, quitte Pékin pour New York avec sa mère afin de suivre une scolarité prometteuse. En terrain américain, il se heurte vite aux codes locaux et à la violence d’un champion de karaté qui règne sur sa zone. Isolé et en deuil après une tragédie familiale, Li trouve peu à peu des repères grâce à l’intervention de deux mentors inattendus : Mr. Han, maître de kung fu incarné par Jackie Chan, et Daniel LaRusso, figure emblématique de la franchise jouée par Ralph Macchio. Le récit suit l’apprentissage de Li, ses tourments intimes et la préparation d’un affrontement qui sera autant intérieur qu’athlétique.

Jonathan Entwistle au carrefour du cinéma et de la série

Jonathan Entwistle, réalisateur et showrunner connu pour son travail télévisuel, signe ici une réalisation au tempo vif et au style visuel contemporain. Sa nomination comme metteur en scène a été annoncée pendant le développement du projet et son approche — mélange de modernité stylistique et de fidélité aux archétypes — transparait dans la construction des scènes d’action et des moments plus intimistes. Le scénario, signé Rob Lieber, appuie le film d’un canevas classique (initiation, perte, revanche) mais enrichi de clins d’œil aux précédentes œuvres du cycle.

Stars d’hier et promesses de demain

Le casting joue la carte du pont générationnel : Jackie Chan reprend la figure du maître patient et physique, tandis que Ralph Macchio revient en Daniel LaRusso, posture paternelle et sagesse lacée d’ironie — deux présences qui légitiment le projet aux yeux des aficionados. En face, Ben Wang, révélé par la série American Born Chinese, incarne Li Fong avec une fraîcheur voulue par la production ; sa montée en puissance physique et émotionnelle est au cœur du film. Le reste de la distribution comprend des noms comme Joshua Jackson, Sadie Stanley et Ming-Na Wen, qui complètent l’écosystème narratif entre figures locales, rivaux et alliés. Les choix de casting ont été suivis et annoncés par la presse spécialisée dès l’étape de recrutement.

Montréal en doublure urbaine et prouesses de plateau

La production a tourné la majeure partie de ses scènes entre avril et juin 2024, principalement à Montréal, où la ville et ses quartiers ont servi de toile de fond pour recréer un New York stylisé. Le film a aussi recours à quelques effets de production ambitieux : pour la scène-clé sur un toit d’immeuble, l’équipe a utilisé une « volume stage » — une grande surface LED semblable à celle popularisée par certaines séries à gros budget — afin de maîtriser la lumière et restituer une vue de skyline new-yorkaise en « coucher de soleil perpétuel ». Ces procédés mêlant décors réels et technologies d’éclairage permettent au film d’affirmer une identité visuelle précise, à la fois propre et contemporaine.

Marier kung fu et karaté sans trahir les racines

D’un point de vue formel, Legends cherche à créer un langage de combat hybride : la fluidité acrobatique du kung fu de Jackie Chan se combine avec la rigueur technique du karaté pratiqué par les personnages originels. Les chorégraphies, travaillées avec des coachs spécialisés, jouent sur la complémentarité des styles pour donner à l’entraînement et aux duels une saveur à la fois moderne et respectueuse des traditions martiales. Le film n’invente pas un nouveau cinéma d’action, mais il applique avec soin une esthétique lumineuse et lisible qui favorise la lisibilité des combats tout en laissant respirer les moments d’émotion.

Une franchise qui regarde vers l’avenir

Si Karate Kid: Legends ne prétend pas révolutionner le genre, son apport est surtout narratif et générationnel : il réussit à transposer l’idée classique du mentorat dans une Amérique multiculturelle, où la rencontre des héritages martiaux devient métaphore d’un apprentissage identitaire. Le film innove moins par des trouvailles formelles que par son désir d’embrasser la pluralité des origines et de faire dialoguer des pratiques (kung fu vs karaté) longtemps tenues séparées à l’écran. Cette ouverture culturelle et l’idée d’un protagoniste sino-américain au centre du récit constituent sa valeur ajoutée la plus nette.

Performances et alchimie

Jackie Chan apporte sa précision physique et un sens comique discret qui allègent les passages les plus lourds ; son travail de mentor, même mesuré, donne au film une assise émotionnelle. Ralph Macchio joue la carte de la continuité émotionnelle, rappelant le Daniel mûri de Cobra Kai tout en se fondant dans une posture d’enseignant panoramique. Ben Wang, au centre, surprend par sa présence : il combine nervosité adolescente et discipline martiale, et son apprentissage physique — documenté par la presse pendant la préparation — se ressent à l’écran. Les seconds rôles (notamment Ming-Na Wen et Joshua Jackson) apportent un contrepoint dramatique solide. Globalement, la distribution trouve une alchimie correcte ; certains critiques regretteront que les légendes n’aient pas davantage d’espace, mais la dynamique jeune/vieux fonctionne dans l’essentiel.

La bataille des expectatives

À sa sortie, Karate Kid: Legends a suscité un accueil critique partagé : les agrégateurs montrent une critique généralement tiède à mitigée, tandis que le public s’est souvent montré plus indulgent, voire enthousiaste. Les analyses professionnelles ont relevé un film rythmé, parfois prévisible, mais porté par un vrai sens du spectacle et par la chimie entre générations d’acteurs. Du côté du public, la nostalgie joue clairement en faveur du long-métrage : les notes spectateurs et les sondages d’opinion en salle (CinemaScore) attestent d’une réception favorable à l’issue des projections d’ouverture. Cette dichotomie — critiques hésitants, public conquis — est devenue un trait distinctif de plusieurs suites « legacy » contemporaines.

Un succès raisonnable, pas un raz-de-marée

Sur le plan commercial, le film a rencontré un parcours stable mais sans écraser la concurrence. Les chiffres de Box Office Mojo indiquent un cumul mondial dépassant les cent millions de dollars, un résultat solide eu égard à un budget moyen et à la concurrence estivale, mais loin des blockbusters qui dominent la saison. À l’analyse, Legends confirme son statut de projet rentable et populaire auprès d’un public large, tout en montrant que la nostalgie seule ne garantit plus l’explosion au box-office : il faut une alchimie d’accueil critique, marketing et calendrier.

Au moment où cet article est rédigé, Karate Kid: Legends n’a pas encore accumulé de récompenses majeures institutionnelles. Le film a toutefois bénéficié d’une visibilité importante lors d’avant-premières, d’événements presse et de présentations (notamment une première internationale et plusieurs opérations promotionnelles), éléments qui renforcent sa présence dans le débat cinéphile même sans trophées. Pour une franchise essentiellement orientée vers le grand public et l’émotion collective, la priorité commerciale prime parfois sur la carrière en festival et en cérémonies.

Ce qui fonctionne le mieux — et ce qui aurait pu être mieux pensé

Les points forts du film résident dans son casting intergénérationnel, ses chorégraphies lisibles et la sincérité de son propos sur la transmission. Le jeune Ben Wang se distingue comme un atout, et la mise en scène sait ménager des séquences d’entraînement et d’affrontement qui font vibrer. En revanche, les critiques les plus sévères pointent un scénario parfois trop linéaire et des sous-intrigues sous-exploitées : Jackie Chan et Ralph Macchio, malgré leur aura, auraient mérité des arcs un peu plus développés. Ces réserves n’enlèvent rien à la qualité de l’expérience familiale et au plaisir simple de retrouver une mythologie populaire remise au goût du jour.

Karate Kid: Legends sur la continuité

Si votre crainte est d’être face à un film qui use de la nostalgie sans substance, Karate Kid: Legends vous prouvera le contraire par son travail d’acteurs, sa mise en scène soignée et sa capacité à fédérer. C’est un film qui choisit la clarté narrative et le respect des codes martiaux plutôt que l’ostentation technique gratuite, et qui offre plusieurs moments d’émotion authentique. Les fans de la franchise y trouveront des hommages bien placés, tandis que de nouveaux spectateurs pourront y découvrir une histoire d’apprentissage accessible et énergique. En somme : un film de continuation qui a le bon sens de rester fidèle au sel originel du mythe tout en apportant une touche de renouveau générationnel.

Une légende qui se transmet

Karate Kid: Legends n’est ni une révolution formelle ni un chef-d’œuvre intouchable, mais c’est un film sincère, bien exécuté, qui prend soin de son héritage et ose le prolonger. Entre entraînements, confrontations urbaines et petits instants de grâce, il rappelle que la vocation d’une saga, au fond, est de raconter comment chacun devient la version la plus entière de soi-même. Pour qui cherche un cinéma de divertissement qui respecte ses personnages et son public, cette « nouvelle légende » mérite une place sur l’écran et dans la conversation.

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Charles-Henry

En perpétuelle recherche de nouveautés culturelles en tout genre.

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