
Des frites à Buckingham
Le cinquième volet de la saga Tuche débarque en fanfare en ce début d’année 2025, et il ne fait pas dans la demi-mesure. Baptisé God Save the Tuche, ce nouvel opus propulse la famille la plus déjantée du cinéma français au cœur de la monarchie britannique. Après les pérégrinations à Monaco, aux États-Unis, à l’Élysée et un Noël retentissant en 2021, les Tuche se dirigent vers Londres pour une comédie haute en couleur, pleine de chocs culturels, maladresses et moments absurdes. Sorti le 5 février 2025 en France, le film a déjà conquis le cœur du public.
Fous rires garantis en Angleterre
Dans ce nouvel épisode, la famille Tuche mène une vie paisible à Bouzolles, la fameuse bourgade du Nord de la France. Jeff, Cathy, Stéphanie, Wilfried, Donald, et Mamie Suze coulent des jours heureux. Jusqu’au jour où leur petit‑fils**, Jiji**, se distingue sur le terrain de foot et est repéré par le prestigieux club Arsenal, qui lui propose un stage en Angleterre?
Cathy, fan inconditionnelle de la monarchie britannique, rêve d’y rencontrer le roi Charles III et la reine Camilla — une ambition inattendue mais bien reçue : l’ambassade met la famille à disposition une maison londonienne et un majordome, Gordon. Sitôt arrivés, les Tuche doivent s’adapter aux codes de la haute société anglaise. En parallèle, Jeff est invité à un déjeuner royal. Trois jours pour assimiler la culture britannique et éviter les gaffes ? Mission impossible pour cette famille imprévisible.
Le choc des cultures, les incompréhensions linguistiques, les faux‑pas en série : le film enchaîne les situations hilarantes, parfois franchement déjantées, tout en laissant poindre quelques plans plus tendres. Entre chutes en pingouin, frites mal passées et échanges comiques avec la garde royale, le film ne lésine pas sur l’absurde .
Jean‑Paul Rouve, l’homme‑orchestre à Buckingham
Pour la première fois dans l’histoire de la saga, Jean‑Paul Rouve, habitué à incarner Jeff Tuche, passe derrière la caméra en tant que réalisateur.
Acteur désormais multi‑casquette, Rouve s’est vu confier la réalisation après avoir hésité — un projet « très différent des films naturalistes » qu’il aime, disait‑il. Mais poussé par son ami Alain Chabat, il a accepté de relever le défi. Ancien sociétaire de la Comédie‑Française, il a déjà une carrière solide en tant que réalisateur : Sans arme, ni haine, ni violence (2008), Quand je serai petit (2012), Les Souvenirs (2015) et Lola et ses frères (2018). Mais Les Tuche : God Save the Tuche marque son entrée dans une zone plus burlesque, familiale et réjouissante.
Rouve s’est entouré d’un groupe de scénaristes familiers : Philippe Mechelen, Julien Hervé, Nessim Chikhaoui, en plus de lui‑même. Mechelen, figure récurrente de la saga (auteur des précédents épisodes), apporte son style comique et absurde, déjà salué dans Prête‑moi ta main ou Les Tuche 2, 3, 4. Hervé et Chikhaoui ajoutent leurs touches, forts de succès sur des comédies françaises récentes.
Le résultat ? Une comédie familiale qui mêle franc‑parler, rythme effréné et situations cocasses, le tout saupoudré d’une dose de sentimentalisme léger.
Une carte royale d’acteurs : de la famille au trône
Le métrage rassemble la bande Tuche traditionnelle : Jean‑Paul Rouve (Jeff), Isabelle Nanty (Cathy), Sarah Stern (Stéphanie), Pierre Lottin (Wilfried), Théo Fernandez (Donald), Claire Nadeau (Mamie Suze).
- Jean‑Paul Rouve (Jeff Tuche) incarne le patriarche maladroit avec son talent habituel pour l’humour physique et le timing parfait. Son personnage, resté attaché à ses racines modestes, offre un contraste comique à la rigidité anglaise.
- Isabelle Nanty (Cathy Tuche), véritable cœur du film, campe une mère à la fois attachante et totalement décomplexée. Son admiration outrée pour la monarchie crée de nombreuses scènes mémorables.
- Sarah Stern (Stéphanie), déjà vue dans les précédents épisodes, déploie un humour plus mesuré, tout en apportant la fibre générationnelle.
- Pierre Lottin (Wilfried), passionné de musique, fournit les moments musicaux burlesques et un sens du gag visuel maîtrisé.
- Théo Fernandez (Donald), désormais comédien rodé, continue de camper ce grand ado maladroit au grand cœur.
- Claire Nadeau (Mamie Suze) complète la troupe avec son personnage de grand‑mère délurée, prête à en découdre pour l’honneur familial.
Le film met aussi en scène plusieurs figures britanniques pour appuyer l’ancrage dans la royauté :
- Bernard Menez interprète le roi Charles III, un rôle farfelu où l’acteur campe un souverain aussi patient qu’il est dubitatif.
- Élise Larnicol joue la reine Camilla, moue aristocratique et contraste avec l’enthousiasme de Cathy.
- Philippe Dusseau est Gordon, le majordome anglais chargé de guider la famille Tuche — figure calme confrontée au chaos.
- Aristote Laios incarne Jiji, le petit‑fils footballeur, au centre du film. C’est lui qui déclenche l’intrigue en rejoignant le camp d’Arsenal.
Parmi les seconds rôles haut en couleur, mentionnons les cameos de dignitaires britanniques ou de membres de la garde royale, tous pointés par AlloCiné et IMDb .
Entre rires et clichés
Sur le plan stylistique, le film mise sur un rythme rapide, alternant scènes absurdes et échanges à l’humour verbal typique de la série. Les maladresses des Tuche servent de ressort comique central : accent, références culturelles, incompréhensions entre deux mondes. Le choc culturel entre le France populaire et l’aristocratie anglaise est monté en épingle, tout comme les stéréotypes : fish & chips, cérémonial royal, dress code strict… Le film embarque le spectateur dans un choc des cultures à la fois caricatural et tendre .
La réalisation de Rouve se distingue de ses précédents films plus dramatiques : il s’affirme dans un registre bon enfant, comique et efficace. Le montage est soutenu, avec peu de temps mort, et joue sur les ruptures tonalité/humour. Les décors — Buckingham, le ferry, l’ambassade — sont valorisés, plongés dans une lumière naturaliste, sans tomber dans le cliché touristique. Le trajet visuel entre Bouzolles et Londres se ressent à l’écran.
Côté bande‑son, le compositeur Martin Rappeneau, déjà présent sur les Tuche précédents, signe une partition entraînante, soulignant l’humour et la légèreté du récit .
Le film garde toutefois ses limites : les dialogues conservent des vannes faciles, proches de l’humour de courant d’air. Certains gags tombent dans la facilité ou l’exagération caricaturale, et la morale de comédie – la richesse vient de la famille – est efficace mais prévisible. Les critiques spectateurs confirment : les premières semaines en tête du box‑office témoignent de son succès public , malgré des notes critiques moyennes (Alcociné : 1,9/5 spectateurs, presse 2,3/5) .
Royalement divertissant
En conclusion, God Save the Tuche est un divertissement généreux, familial, porté par l’alchimie de ses comédiens et l’obsession britannique de Cathy Tuche. Jean‑Paul Rouve réalise sans prétention et sans complexes, offrant une comédie qui ne se prend pas au sérieux, et s’assume comme telle.
Public visé ? Les amateurs de comédie populaire, les fans de la saga, les familles, les spectateurs francophones friands d’humour télévisuel. Ce film n’invente rien, mais il coche les cases du divertissement réussi : pacing, personnages attachants, contraste culturel exacerbé.
Sur 1h35 (ou 95 minutes selon AllMovie) , la famille Tuche nous offre un voyage burlesque vers la perfide Albion, avec fous rires assurés et quelques moments de tendresse. Ce cinquième chapitre rappelle pourquoi cette saga touche un large public : simplicité, générosité, humour accessible. Le tout trône avec humour face au faste de la monarchie.
God Save the Tuche est une comédie à l’humour pétillant, s’appuyant sur un casting fidèle, une mise en scène dynamique signée Rouve, et une intrigue simple mais efficace. Si vous cherchez un moment léger, à partager entre amis ou en famille, sans prise de tête, ce film est fait pour vous, surtout si les Tuche vous manquent.
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