
The Accountant 2, réalisé par Gavin O’Connor et écrit par Bill Dubuque, débarque neuf ans après le premier opus hautement stylisé. Porté de nouveau par Ben Affleck dans la peau de Christian Wolff, ce thriller/action explore d’autres territoires tout en conservant son originalité. Le film a été dévoilé au festival SXSW le 8 mars 2025, avant une sortie en salles le 25 avril aux États-Unis via Amazon MGM Studios, et de façon internationale par Warner Bros. Avec un budget d’environ 80 M$, il a engendré près de 102 M$ dans le monde, tirant profit de l’engouement pour le streaming, arrivant sur Prime Video le 5 juin
Intrigue retordue : enquête, frères, et trafic humain
Le film s’ouvre sur une scène brutale : Ray King (J. K. Simmons), désormais agent privé, se fait assassiner après avoir recontacté l’ex-comptable Christian Wolff (Ben Affleck), inscrit par son message « Find the Accountant ». Son ancienne protégée, Marybeth Medina (Cynthia Addai‑Robinson), reprend l’affaire. Les pistes la mènent jusqu’à Wolff, qui accepte d’enquêter sur un meurtre lié au trafic humain. Pour cette mission, il se tourne vers son frère Braxton, dit Brax (Jon Bernthal), longtemps éloigné, pour former un duo dont la dynamique rappelle un buddy-movie à la sauce fraternelle.
Au fil de ce polar contemporain, Christian et Brax naviguent entre un assassin mystérieux, Anaïs (Daniella Pineda), un réseau de trafiquants et des hackers neurodivergents liés au passé de Wolff. L’histoire jongle entre tension sur le terrain et introspection, au fil de fusillades punk et de scènes plus tendres entre frères. Mais ce mélange narratif peine parfois à maintenir une cohérence forte.
O’Connor à nouveau, entre innovation et redite
Gavin O’Connor reprend les rênes après avoir développé l’idée dès 2018 et confirme son attachement à la saga du Comptable Wolff. Fidèle à la structure du premier film, il intègre cette fois un ton plus léger, teinté de comédie fraternelle. Les scènes d’action, plus nombreuses et brutales, s’apparentent à une confrontation « guerre de territoires », avec fusillades urbaines et climats déchaînés. La photographie de Seamus McGarvey reste efficace, alternant espaces aseptisés d’analyse et zones de conflit intensif, mais la narration parfois décousue a été relevée comme un point faible.
Affleck & Bernthal : la fraternité comme moteur
Ben Affleck reprend Christian Wolff avec une posture ferme et une intelligence discrète, fidèle à son personnage — mais plus expansif, notamment dans les interactions avec Brax. Jon Bernthal se révèle un excellent contrepoids : sa conversion physique, son humour rugueux et sa loyauté trouble donnent toute sa densité au duo, bénéficiant d’une vraie chimie revendiquée par des critiques comme Empire. Leur dynamique « cerveau/bourrin » offre les meilleurs moments du film, où l’alchimie frôle le buddy-movie vintage des années 80 .
La filiation des rôles : Simmons, Addai‑Robinson, Pineda
L’agent Marybeth Medina incarne la continuité institutionnelle, portée avec sérieux et ténacité par Cynthia Addai‑Robinson, qui déploie une présence authentique sans verser dans l’émotion forcée. Quant à J. K. Simmons, son retour symbolise le passé lourd que porte Christian. Bien que sa mort déclencheur réduise son temps d’écran, son impact narratif reste intact. Daniella Pineda, plus énigmatique, joue Anaïs, une assassin traumatisée dont l’histoire déploie un twist autour du syndrome dit « savant acquis » — un aspect narratif remarqué pour son ambition, mais jugé parfois superficiel.
Tournage & production : retour aux sources
Tourné entre mars et août 2024 en Californie, The Accountant 2 reprend l’équipe technique du premier film : McGarvey à la lumière, Dubuque pour le scénario, O’Connor à la mise en scène. Gavin O’Connor a opté pour un montage plus fluide, bien que certains plans prolongés aient été signalés comme laborieux. Le changement de distributeur (de Warner Bros à Amazon MGM) a permis une stratégie hybride : sortie salles + streaming, avec un déploiement stratégique lié à la période fiscale symbolique.
Originalité et reproches : le paradoxe du film
Le film innove radicalement dans sa tonalité, cherchant à mêler tensions émotionnelles fraternelles et enquête sombre, tout en abordant des thèmes contemporains complexes comme le trafic humain et la neurodiversité . Cependant, ce mélange a divisé la critique : Decider a fustigé un manque de cohérence globale, un humour mal calibré et un scénario confus , tandis que The AV Club dénonce des clichés autour de l’autisme et l’exploitation des thèmes lourds . Néanmoins, Time et Empire soulignent que le film séduit dès qu’Affleck et Bernthal s’opposent en scène, et qu’il demeure divertissant malgré son déséquilibre.
Accueil critique et box-office : mitigés mais prometteurs
La réception presse oscille entre 77 % de critiques positives sur Rotten Tomatoes et des scores moyens sur Metacritic (58/100). Affirmatif, Lyles’ Movie Files le note 3,5/5 en soulignant son évolution de tonalité. Critiques plus nuancées chez The Washington Post et Decider, qui reprochent incohérence narrative et clichés . Sur le plan financier, le film se distingue avec 102 M$ de recettes, malgré un budget ambitieux de 80 M$. Disponible sur Prime Video depuis le 5 juin, il renforce la stratégie streaming et prépare un potentiel troisième épisode.
Un compte affiné, mais des angles morts
The Accountant 2 se présente comme un exercice de style flirtant entre polar, action franchisée et buddy movie fraternel. Gavin O’Connor et son équipe réinjectent de la fraîcheur dans la franchise, en misant sur la chimie entre Affleck et Bernthal, et en abordant des thèmes sensibles via une action spectaculaire. Le résultat tient un équilibre précaire : divertissant et attachant par instants forts, mais parfois embourbé dans des excès narratifs ou tonals.
Le film convainc lorsque le duo fonctionne, devient bancal quand trop de pistes se superposent. Il laisse entrevoir une promesse de trilogie, avec de réelles améliorations artistiques mais pas encore la cohésion dramaturgique ultime. Pour les fans du premier opus, il remplit sa mission ; pour les amateurs de thrillers structurés, il suscite frustration.
Somme toute, The Accountant 2 vaut le détour pour sa relecture plus suave du héros atypique, sa construction technique solide et l’évolution fratrie-humoristique du récit. Avec un troisième film envisagé, cette suite établit les bases d’un univers hybride à trous, où le prochain épisode devra corriger les faiblesses sans sacrifier ce qui a fonctionné.
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