Black Phone 2 : la peur reprend le combiné

Films / Publié le 14 novembre 2025 par Claire
Temps de lecture : 12 minutes
horreur téléphone

En résumé

Black Phone 2 (2025), réalisé par Scott Derrickson, poursuit l’histoire de Finney et Gwen Blake, quatre ans après leur confrontation avec le terrifiant Grabber. Plus sombre et viscéral, le film plonge dans la peur de l’adolescence et la mémoire du trauma. Porté par Ethan Hawke et Mason Thames, il allie esthétique glaciale, direction d’acteurs inspirée et symbolisme fort. Tourné sous la neige, entre réalité et cauchemar, il confirme Derrickson comme maître du fantastique contemporain. Sélectionné à Fantastic Fest 2025, le film allie tension, émotion et élégance visuelle. Verdict : une suite brillante et maîtrisée

Le film d’horreur connaît bien des chapitres, mais peu osent rebrancher la ligne après qu’on croyait tout avoir raccroché. Avec Black Phone 2, le réalisateur Scott Derrickson revient dans l’univers oppressant de la version originale pour installer un nouveau tournant dans le genre du film d’horreur 2025. Cette suite – très attendue après le succès critique et commercial de The Black Phone (2021) – promet davantage de terreur, un âge de héros plus élevé et, surtout, un méchant encore plus insaisissable. Le verdict tombe : bien que ce film français du cinéma d’horreur soit américain, il s’impose comme l’un des meilleurs parmi les films d’horreur 2025, mêlant efficacité, tension et profondeur. Reste à savoir s’il dépasse son prédécesseur ou s’il reste pris au piège de son propre mythe.

Un kidnapping hivernal

Quatre ans après avoir échappé à la terrifiante emprise du Kidnappeur surnommé « The Grabber », Finney Blake est désormais adolescent et tente de reconstruire une vie normale. Pourtant, quand sa jeune sœur Gwen commence à recevoir d’étranges appels et à faire des visions inquiétantes à propos d’un camp d’hiver, Finney se retrouve de nouveau entraîné dans un cauchemar. Le téléphone noir sonne à nouveau, le mal s’échappe de sa tombe et vient réclamer vengeance. Sans dévoiler les principaux twists de ce film d’horreur 2025, le récit s’articule autour du passage de l’enfance à l’adolescence, de la culpabilité et de la peur qui ne s’éteint jamais vraiment.

Le réalisateur à la loupe

Scott Derrickson s’est imposé comme une figure incontournable de l’horreur contemporaine, grâce à des films comme Sinister (2012) ou encore Doctor Strange (2016) pour Marvel. Avec The Black Phone en 2021, il avait su mêler conte « underground » et efficacité grand public. Le voilà de retour pour Black Phone 2, qu’il co-écrit avec son fidèle complice C. Robert Cargill.
Derrickson s’était dit réticent à l’idée d’une suite, le premier film étant une adaptation d’un court-roman de Joe Hill et se tenant comme un bloc indépendant. Finalement, c’est une idée de Hill qui l’a convaincu de prolonger l’univers : un passage logique dans le cadre d’un héros devenu adolescent, un temps réflexif plus mature. Le réalisateur affirme vouloir « un ton différent, plus violent, plus agressif », afin d’explorer le passage au lycée plutôt que le collège.
Ainsi, Black Phone 2 constitue autant une extension de son univers que la tentative d’installer une franchise de l’horreur moderne. Le partenariat avec Blumhouse Productions et Universal Pictures renforce cette ambition.

Les acteurs principaux et la direction d’acteurs

Le retour du casting original est un point fort de Black Phone 2. En tête, Ethan Hawke reprend son rôle de « The Grabber », ce kidnappeur masqué déjà terrifiant dans le premier film. Il est épaulé par Mason Thames, qui incarne Finney Blake, désormais adolescent, et par Madeleine McGraw, qui interprète Gwen, sa sœur au don particulier. Le film introduit également de nouveaux visages comme Demián Bichir et Anna Lore.
Le dynamisme du duo Thames / McGraw est au cœur de la réussite. L’interprétation de Mason Thames, plus affirmée qu’auparavant, donne corps à un adolescent en quête de salut et hanté par son passé. McGraw trouve quant à elle une belle posture : celle d’une jeune fille qui se trouve à la fois en danger et capable de réagir, ce qui offre une inversion bienvenue du protagoniste passif à protecteur actif. Hawke, avec sa présence rendue plus sombre encore, démontre qu’il peut incarner un antagoniste incontournable de l’horreur contemporaine.
Derrickson fait preuve d’une direction d’acteurs astucieuse : les jeunes comédiens ne sont pas relégués à des cibles de peur, mais s’investissent dans l’émotion et la tension du récit. Même si quelques dialogues paraissent convenus, le jeu global reste cohérent et immersif. Le casting contribue à élever ce « film d’horreur 2025 » au-delà du simple saut-sur-le-fauteuil.

La manière de filmer : mise en scène, photographie et design

La mise en scène s’appuie sur une esthétique visuelle sophistiquée. Le directeur de la photographie Pär M. Ekberg (connu pour son travail sur The Black Phone et d’autres titres) relève un double défi : rendre crédible l’environnement familier de l’adolescence tout en introduisant un décor d’épouvante plus vaste et onirique. L’action évolue notamment dans un camp d’hiver, ce qui permet au film de jouer sur les hautes températures, les nuits glaciales et les effets de lumière et de neige — un contraste saisissant par rapport aux sous-sols urbains du premier opus.
Le cadre adopte des angles nerveux et souvent suspendus : les travellings sur les forêts enneigées, les plans-fixes sur le téléphone noir ou la silhouette du Grabber au masque, et les transitions subtiles entre réalité et vision. La lumière froide, les bleus nocturnes, les ors de l’aube donnent à tout cela une profondeur visuelle. Le décor, travaillé par l’équipe de production (dont le chef décorateur est crédité dans le document Wikipédia) affirme un réel souci du détail.
Les effets visuels et le design du masque, des appels hors-temps et des apparitions spectrales sont dosés : on évite l’abus de CGI, privilégiant l’ombre, le hors-champ et la suggestion — un choix qui maintient la tension et rend le film plus efficace. Le montage, plus nerveux que dans le premier film, alterne séquences d’horreur pure et instants plus psychologiques. Toutefois, ce tempo n’est pas exempt de petites longueurs en milieu de récit, où l’émotion prend le pas sur l’effroi pur.
La dimension sonore complète cette approche visuelle : des cris étouffés, le combiné qui sonnait déjà et qui sonne à nouveau, la neige qui craque, la respiration qui se rapproche… Tout est mis au service d’une atmosphère immersive qui fait du cadre un acteur à part entière.

Musique et son : atmosphère et fonction narrative

La bande-son et le design audio de Black Phone 2 font plus que ponctuer les scènes : ils construisent l’angoisse. Le compositeur principal n’est pas annoncé de manière très visible, mais on sait que la tonalité musicale reste dans la lignée du premier film : équilibre entre silence pesant, montée sourde, crescendo terrifiant.
Le son occupe d’abord l’espace de la peur-attente (le combiné) puis celui de la vision cauchemardesque (les appels, les cris, la glace qui craque). Le film exploite habilement le silence avant le choc, ce qui renforce la puissance des instants de violence. Le sound-design donne à l’appel du téléphone noir une dimension mythique : plus qu’un simple objet, c’est un vecteur de l’horreur, de l’au-delà.
Musique, bruitage et mixage sont bien calibrés : on ressent à chaque instant que la tension n’est pas uniquement visuelle, mais aussi auditive. Ce soin contribue largement à l’efficacité de ce film d’horreur.

Thèmes et lecture interprétative

Au-delà du frisson, Black Phone 2 se pose comme un film d’horreur qui interroge : la peur bien sûr, mais aussi la mémoire du traumatisme, la survie après l’enfance, et l’héritage du mal. Le personnage de Finney incarne cet âge charnière : adolescent mais encore hanté, il est le témoin vivant du mal absolu que représente le Grabber. Le film explore ce que signifie vivre « après » l’enfer.
Le téléphone noir est bien plus qu’un gadget : il symbolise la voix des victimes muettes, la connexion entre le visible et l’invisible, entre la vie et la mort. Quand Gwen répond à cet appel, c’est la transmission d’un héritage traumatique qui se joue. Le motif du téléphone comme appel à l’inconscient, à l’inacceptable, fonctionne sur plusieurs niveaux.
Le film met aussi en lumière la dimension sociale : adolescence, pression scolaire, famille débordée, responsabilité tardive. Derrickson, dans ses entretiens, évoque le passage du collège au lycée comme une crise majeure : ce changement d’âge sert de métaphore à l’irruption de l’horreur dans un quotidien encore « normal ».
La nature reprend aussi une place importante : le camp d’hiver dans la neige, la forêt, le froid. Cela crée un contrepoint à l’univers urbain du premier film et connecte l’horreur à un espace plus vaste, plus isolé. Le mal ne se cache pas seulement sous les villes, il s’étend dans la nature, dans le silence, dans l’espace.
Enfin, Black Phone 2 s’inscrit dans la lignée des films d’horreur qui n’évitent pas l’émotion. Derrickson injecte de la tristesse, de la colère, de la culpabilité. Le récit n’est pas purement mécanique ; il vise à faire ressentir ce que cela coûte d’être « celui qui a survécu ». Le résultat est un film qui combine le frisson brut et une charge symbolique plus profonde.

Originalité et apport au cinéma d’horreur

Dans un paysage saturé de suites parfois inutiles, Black Phone 2 parvient à se distinguer. L’originalité ne réside pas tant dans le concept – l’horreur d’un kidnappeur, la manipulation du téléphone noir – mais dans la façon de le prolonger, de l’amplifier tout en gardant une logique interne. Le passage à l’âge adolescent, la nouvelle topographie (neige, camp d’hiver), l’accent sur la vision et le cauchemar plutôt que sur la seule chasse… tout cela donne à ce film une identité propre.
Par rapport aux autres films d’horreur récents en 2025, cette suite mise sur l’équilibre entre spectacle et émotion plutôt que sur les seuls effets gore. Bien sûr, la violence est accrue, comme l’a reconnu Derrickson lui-même, mais elle est toujours au service d’une narration plutôt que gratuite.
En termes formels, le soin porté à la photographie, au son, à l’espace (forêt, neige) rend ce film plus cinématographique que la moyenne des « blockbusters horreur ». Pour le cinéma d’horreur 2025, c’est un modèle de suite réussie : prolonger, approfondir, surprendre. On regrettera certes que le film ne bouscule pas radicalement les codes – mais il les maîtrise et les fait servir.
Bref : Black Phone 2 n’invente pas tout, mais il élève son matériau et contribue à montrer que le fantastique / horreur américain peut rester pertinent, innovant, et accessible.

Réception, festivals et chiffres

Black Phone 2 a été présenté en avant-première au festival Fantastic Fest le 20 septembre 2025. Il est sorti aux États-Unis le 17 octobre 2025 via Universal Pictures. À sa sortie nord-américaine, le film a dominé le box-office avec environ 26,5 M$ de recettes la semaine d’ouverture, surpassant son prédécesseur qui avait ouvert à 23,6 M$. Le budget de production est estimé à 30 M$ et les recettes mondiales autour de 112 M$ selon les sources.
Sur le plan critique, les retours sont globalement positifs. Le site Rotten Tomatoes mentionne que le film « s’inscrit dans la veine du genre tout en poursuivant son développement narratif ». Certains critiques, comme sur Roger Ebert.com, soulignent les images profondément perturbantes et la montée en puissance de l’horreur visuelle.
En revanche, l’accueil est moins unanime que pour le premier volet : certaines voix estimant que l’intrigue marque un coup de frein dans le développement de l’univers. Mais l’ensemble témoigne d’un succès réel, tant critique que commercial, et d’un vrai regain pour Blumhouse après une année 2025 difficile.

Points forts / points faibles

Points forts

  • Une direction visuelle et sonore soignée, qui fait du cadre un vecteur d’angoisse.
  • Un casting à la hauteur, mêlant jeunes comédiens et vétéran consacré (Hawke).
  • Une suite qui assume son héritage tout en élargissant les enjeux (adolescence, traumatisme, surnaturel).
  • Une ouverture au genre, avec une ambition de franchise, mais sans renier ses racines d’horreur pure.

Points faibles

  • Le scénario reste dans les rails du genre, sans véritable rupture radicale : fans absolus du premier film pourraient y trouver familiarité.
  • Quelques longueurs en milieu de film, où l’émotion ralentit l’action.
  • L’augmentation de la violence est assumée mais peut rebuter un public fragile ou peu amateur de gore.
  • Le repositionnement « adolescence/lycée » peut laisser de côté ceux qui préféraient l’approche plus enfantine et mystérieuse du premier volet.

Verdict

En conclusion, Black Phone 2 s’impose comme une suite réussie, un film d’horreur 2025 qui ne se contente pas de ressasser le passé mais élargit son horizon avec audace. Grâce à une réalisation maîtrisée, un casting convaincant et une montée en tension palpable, le film offre ce qu’on attend d’une grande frayeur bien calibrée. Il ne réinvente pas l’horreur, mais il le fait bien. Pour les amateurs du genre et pour ceux qui cherchent une bonne dose de cinéma intense, c’est un rendez-vous à ne pas manquer. Je lui attribue la note de 4 / 5.
Et vous : pensez-vous que Black Phone 2 parvient à surpasser la terreur de son prédécesseur, ou reste-t-il prisonnier de ses propres codes ? Venez en débattre !

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Claire

Je suis Claire, critique passionnée avec un regard acéré pour les détails artistiques. Mes critiques mêlent profondeur et élégance, offrant des perspectives uniques sur les médias. Avec une plume raffinée et une compréhension fine des œuvres, je m'efforce d'enrichir le dialogue et d'éclairer les spectateurs.

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