Sorti en 2017, « Hostiles » est un western dramatique réalisé par Scott Cooper, un réalisateur américain qui a fait ses débuts en 2009 avec « Crazy Heart » avant de diriger des films tels que « Out of the Furnace » et « Black Mass ». « Hostiles » marque une nouvelle collaboration entre Cooper et l’acteur principal, Christian Bale, après leur travail commun dans « Out of the Furnace » en 2013. Malgré une ambition claire de proposer un western moderne chargé de réflexions sur la violence, la rédemption et les tensions raciales, « Hostiles » ne parvient pas tout à fait à captiver son public de manière aussi profonde qu’il le souhaite.
L’intrigue de « Hostiles » se déroule en 1892. Le film raconte l’histoire du capitaine Joseph Blocker (interprété par Christian Bale), un vétéran de l’armée américaine, qui se voit contraint d’escorter Yellow Hawk (incarné par Wes Studi), un chef de guerre Cheyenne mourant, et sa famille, depuis le Nouveau-Mexique jusqu’aux plaines du Montana, afin que le chef puisse retrouver sa terre natale avant de mourir. Blocker, un homme qui a passé des décennies à combattre les indigènes et qui nourrit une haine féroce à leur égard, accepte cette mission à contrecœur. Durant leur périple, ils rencontrent Rosalie Quaid (interprétée par Rosamund Pike), une femme dont la famille a été massacrée par une bande de Comanches. Ensemble, ils traversent un paysage brutal et dangereux, confrontés non seulement aux attaques de tribus hostiles mais aussi à leurs propres traumatismes et préjugés.
Le réalisateur Scott Cooper est reconnu pour ses films sombres et mélancoliques, souvent centrés sur des personnages torturés. Après son premier succès avec « Crazy Heart », qui a valu à Jeff Bridges un Oscar, Cooper a poursuivi avec des projets plus audacieux, souvent axés sur la nature humaine et ses contradictions. « Hostiles » s’inscrit dans cette continuité, offrant une méditation sur la violence, la culpabilité et la possibilité de rédemption.
Bien que Cooper excelle dans la création d’atmosphères lourdes et visuellement frappantes, ses films tendent parfois à s’enliser dans un rythme lent, et « Hostiles » ne fait pas exception à la règle. Le film semble trop souvent confondre la lenteur avec la profondeur, laissant des longueurs qui, au lieu de renforcer la gravité du propos, risquent d’épuiser la patience du spectateur.
Le casting de « Hostiles » est un de ses points forts, avec une distribution de qualité qui comprend des acteurs chevronnés. Christian Bale livre une performance intense et nuancée en tant que capitaine Blocker, un homme profondément brisé par des années de guerre. Bale, connu pour son engagement physique et émotionnel dans ses rôles, incarne ici un homme rongé par la haine et le ressentiment, mais qui est aussi en quête de paix intérieure. Rosamund Pike joue une femme qui a tout perdu et dont la douleur est palpable à chaque instant. Sa prestation est poignante, bien qu’elle soit souvent reléguée au rôle de victime en détresse. L’actrice, qui a montré son immense talent dans des films comme « Gone Girl », réussit à donner de la profondeur à un personnage parfois mal exploité. Wes Studi incarne un chef indigène mourant avec une dignité calme. Son rôle, bien que plus discret, ajoute une véritable gravité au film. Studi, qui a longtemps été l’un des visages les plus reconnaissables des acteurs indigènes dans les westerns, apporte ici une complexité à un personnage qui pourrait facilement tomber dans le stéréotype.
Sur le papier, « Hostiles » avait tout pour être un chef-d’œuvre. Il s’agit d’un western moderne, magnifiquement filmé, avec un casting de qualité et un sujet poignant. Cependant, en pratique, le film ne parvient pas à tenir toutes ses promesses.
L’un des problèmes majeurs de « Hostiles » est son rythme. Le film adopte une lenteur méthodique qui, au lieu de construire la tension et de développer les personnages, finit par alourdir l’ensemble. Certes, le voyage que les personnages entreprennent est aussi bien physique que psychologique, mais cette approche contemplative finit par devenir pesante. À plusieurs moments, le film semble s’étirer inutilement, donnant l’impression que certaines scènes sont là pour combler le temps plutôt que pour faire avancer l’intrigue.
Le ton général du film est aussi excessivement sombre, sans presque aucune lueur d’espoir ou de légèreté pour contrebalancer la violence omniprésente. Alors que des films comme « The Revenant » ou « Danse avec les loups » réussissent à équilibrer cette violence par des moments de grâce ou de beauté, « Hostiles » ne laisse que très peu de place à l’espoir, ce qui peut rendre l’expérience de visionnage éprouvante.
Un autre aspect décevant du film est le développement des personnages. Si Christian Bale et Wes Studi livrent des performances solides, leurs personnages semblent parfois coincés dans des stéréotypes. Blocker est l’archétype du soldat endurci qui finit par se racheter, tandis que Yellow Hawk est le noble indigène stoïque. Ces tropes sont familiers et, bien que Scott Cooper tente d’ajouter des couches de complexité, il ne parvient pas toujours à éviter ces clichés.
Enfin, malgré son message humaniste sur la réconciliation et la tolérance, « Hostiles » échoue à développer pleinement cette réflexion. Le film soulève des questions importantes sur la violence, la guerre et la haine, mais il ne parvient pas à offrir une analyse aussi profonde que celle qu’il semble promettre.
« Hostiles » est un film visuellement splendide, soutenu par des performances d’acteurs de premier ordre, mais qui souffre de son rythme lent et de ses personnages unidimensionnels. Si le film aborde des thématiques importantes comme la rédemption et la réconciliation, il n’arrive pas à maintenir un équilibre entre sa méditation philosophique et l’intérêt dramatique. Les amateurs de westerns contemplatifs y trouveront peut-être leur compte, mais pour les autres, « Hostiles » risque de sembler long et parfois frustrant, manquant l’opportunité de laisser une empreinte durable.
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