« Sauvons Mr. Banks » : Un voyage émouvant derrière la création de « Mary Poppins »

Films / Publié le 14 septembre 2024 par Charles-Henry
« Sauvons Mr. Banks » : Un voyage émouvant derrière la création de « Mary Poppins »

Sauvons Mr. Banks (Saving Mr. Banks) est un film biographique réalisé par John Lee Hancock, sorti en 2013. Il raconte l’histoire vraie des efforts de Walt Disney (Tom Hanks) pour convaincre l’écrivaine P.L. Travers (Emma Thompson) de lui céder les droits d’adaptation de son célèbre livre pour enfants Mary Poppins. Travers est une femme intransigeante et méfiante, attachée à la préservation de l’intégrité de son œuvre, tandis que Disney tente désespérément de tenir la promesse qu’il avait faite à ses filles de porter Mary Poppins à l’écran.

L’intrigue principale du film alterne entre deux époques : d’une part, les années 1960, lorsque P.L. Travers se rend à Los Angeles pour participer à l’adaptation de Mary Poppins et rencontrer Disney et son équipe créative, et d’autre part, les souvenirs d’enfance de Travers en Australie au début du 20e siècle, qui révèlent la source de son attachement émotionnel profond au personnage de Mr. Banks, le père des enfants dans Mary Poppins.

À travers ce récit à deux niveaux, le film explore la manière dont la fiction de Travers est intimement liée à son passé douloureux, notamment à la figure de son père, un banquier charismatique mais défaillant (joué par Colin Farrell), et comment ce traumatisme personnel influe sur sa réticence à laisser Disney faire des ajustements créatifs à son histoire. Le film montre la confrontation entre deux visions créatives mais aussi la guérison progressive de Travers à travers le processus de création.

John Lee Hancock est un réalisateur et scénariste américain dont les films explorent souvent des récits inspirants et des personnages complexes, souvent en lien avec des figures historiques ou des histoires vraies. Né en 1956, Hancock s’est d’abord fait connaître avec le film The Rookie (2002), un drame sportif, et a poursuivi sa carrière en réalisant des films comme The Alamo (2004) et The Blind Side (2009), qui lui a valu une reconnaissance critique et commerciale. Avec Sauvons Mr. Banks, Hancock s’attaque à une histoire fascinante, celle de la création de Mary Poppins, un film qui fait partie intégrante de l’héritage culturel de Disney. Grâce à son approche sensible et à sa capacité à gérer des personnages chargés d’émotion, Hancock parvient à capturer les subtilités des relations humaines et l’importance du lien entre l’art et l’expérience personnelle.

Alison Owen est une productrice britannique prolifique qui a travaillé sur de nombreux projets à succès. Avec Sauvons Mr. Banks, Owen a su saisir une opportunité unique : celle de raconter une histoire méconnue mais cruciale pour la culture populaire, l’adaptation de Mary Poppins à l’écran. Owen est connue pour produire des films qui allient des histoires touchantes à une réalisation de haute qualité. En plus de Sauvons Mr. Banks, elle a produit des films comme Elizabeth (1998), un biopic historique sur la reine Elizabeth I, et The Other Boleyn Girl (2008). Son œil pour les récits captivants et sa sensibilité à l’égard des personnages complexes ont joué un rôle crucial dans le succès de Sauvons Mr. Banks.

Emma Thompson, actrice et scénariste britannique oscarisée, incarne l’écrivaine P.L. Travers avec une profondeur remarquable. Son interprétation de Travers est à la fois rigide et vulnérable, reflétant parfaitement l’ambivalence du personnage face à l’adaptation de son œuvre. Thompson parvient à capturer les complexités émotionnelles de Travers, dépeignant une femme qui semble inflexible mais qui, en réalité, porte en elle un lourd passé émotionnel. Son jeu est nuancé, et elle oscille avec aisance entre la froideur apparente et les moments de vulnérabilité, offrant ainsi une performance touchante et sincère. Tom Hanks, deux fois oscarisé, est l’un des acteurs les plus aimés d’Hollywood, et son interprétation de Walt Disney est à la hauteur de sa réputation. Hanks incarne un Disney chaleureux, persévérant, et légèrement désarmé face à la résistance de Travers. Le personnage qu’il joue n’est pas simplement le magnat de l’animation bienveillant que l’on imagine souvent, mais un homme déterminé, prêt à se battre pour concrétiser sa vision artistique. Hanks apporte un charme naturel à son rôle tout en rendant Disney humain, équilibrant parfaitement la légèreté et la gravité nécessaires pour convaincre Travers de lui confier son œuvre. Colin Farrell joue le père de P.L. Travers, Travers Goff, dont les souvenirs d’enfance hantent constamment l’écrivaine. Farrell incarne un homme affectueux mais tourmenté par ses propres échecs. Son rôle dans le film permet d’expliquer pourquoi P.L. Travers est si protectrice envers le personnage de Mr. Banks, une figure paternelle fictive inspirée par son propre père. Farrell apporte une profondeur émotionnelle qui aide à comprendre l’attachement viscéral de Travers à ses souvenirs d’enfance, tout en dépeignant la tragédie d’un homme dont les démons personnels ont façonné l’avenir de sa fille. Paul Giamatti incarne Ralph, le chauffeur de Travers à Los Angeles, un personnage secondaire mais central dans l’histoire. Giamatti, avec sa gentillesse désarmante et son attitude optimiste, joue un rôle crucial dans l’adoucissement du caractère austère de Travers. Son personnage incarne la compassion et la simplicité, et il offre à Travers un miroir des qualités humaines qu’elle tente de refouler.

Sauvons Mr. Banks est bien plus qu’un simple film sur les coulisses de la création de Mary Poppins. C’est une œuvre émouvante et complexe sur l’importance de la réconciliation avec le passé, sur la relation entre la création artistique et l’expérience personnelle, ainsi que sur les difficultés que rencontrent les créateurs lorsqu’ils doivent céder une partie de leur contrôle sur leur œuvre.

Le plus grand atout du film est sans doute sa capacité à tisser ensemble deux récits parallèles – le passé de Travers et le processus de négociation avec Disney – sans jamais paraître forcé. John Lee Hancock parvient à équilibrer ces deux récits de manière fluide, les reliant subtilement pour expliquer les résistances émotionnelles et créatives de Travers face à l’adaptation de Mary Poppins. Le film ne présente pas simplement un conflit entre une artiste et un producteur hollywoodien ; il s’agit d’une exploration plus profonde du poids du passé et de la manière dont nos expériences personnelles influencent notre art et notre perception du monde.

L’un des aspects les plus fascinants de Sauvons Mr. Banks est la représentation de P.L. Travers par Emma Thompson. Thompson est absolument remarquable dans son interprétation d’une femme obsédée par la protection de son œuvre, mais aussi d’une femme blessée, encore marquée par un passé douloureux. À travers ses interactions avec Disney et son équipe créative, nous assistons à la lutte interne de Travers entre la volonté de protéger la mémoire de son père et la nécessité de lâcher prise pour permettre à Mary Poppins de toucher un plus large public. C’est une performance à la fois exaspérante et émouvante, qui parvient à humaniser un personnage souvent perçu comme austère et difficile.

En parallèle, Tom Hanks livre une interprétation tout aussi convaincante de Walt Disney. Hanks capture parfaitement le mélange d’ambition, de charme et de résilience qui ont fait de Disney une figure emblématique de la culture populaire. Le film ne tombe jamais dans l’idéalisation, mais présente plutôt Disney comme un homme déterminé, parfois manipulateur, mais toujours motivé par un profond désir de créer quelque chose de magique pour le grand public. Hanks et Thompson partagent une dynamique fascinante à l’écran, leurs différences créant des moments de tensions aussi drôles qu’émotionnellement chargés.

L’un des points forts du film réside également dans ses flashbacks, qui montrent l’enfance difficile de Travers et sa relation complexe avec son père. Colin Farrell offre ici une performance touchante en tant que Travers Goff, un homme aimant mais défaillant, qui sombre peu à peu dans l’alcoolisme. Les scènes montrant son déclin et l’impact émotionnel qu’il a eu sur sa fille ajoutent une profondeur à l’histoire et permettent au spectateur de comprendre pourquoi Travers est si réticente à laisser son passé être modifié ou édulcoré pour les besoins du film de Disney.

D’un point de vue visuel, Hancock et son équipe ont fait un travail remarquable pour recréer l’ambiance de l’Hollywood des années 1960, avec des décors colorés et des costumes qui évoquent l’époque avec authenticité. Le contraste entre l’effervescence joyeuse de Los Angeles et les scènes plus sombres et mélancoliques de l’enfance de Travers en Australie renforce les thèmes centraux du film : le choc entre le rêve et la réalité, entre le passé et le présent.

Enfin, la musique de Thomas Newman complète parfaitement l’ambiance du film, ajoutant une couche supplémentaire d’émotion sans jamais s’imposer. La bande-son oscille entre légèreté et gravité, suivant les hauts et les bas émotionnels des personnages.

Sauvons Mr. Banks est un film profondément émouvant, porté par des performances exceptionnelles et une réalisation subtile. Il réussit à capturer l’essence de la création artistique, tout en explorant les douleurs et les joies qui se cachent derrière. Que vous soyez fan de Mary Poppins ou non, ce film est une réflexion touchante sur la manière dont l’art peut être un moyen de réconcilier nos souvenirs les plus douloureux avec les rêves que nous aspirons à réaliser. C’est une œuvre d’une grande sensibilité qui célèbre non seulement l’héritage de Mary Poppins, mais aussi le pouvoir de guérison de la narration.

Partager cet article :

Voir le profil de Charles-Henry

Charles-Henry

En perpétuelle recherche de nouveautés culturelles en tout genre.

Soyez le premier à réagir

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

| Sur le même sujet