The Pickup : le braquage comique qui voulait relancer Eddie Murphy — et se perd en chemin

Films / Publié le 27 août 2025 par Charles-Henry
Temps de lecture : 10 minutes

Une entrée en matière qui promet du chaos… et beaucoup d’attentes

L’annonce d’un duo Eddie Murphy / Pete Davidson, dirigé par Tim Story, suffisait à faire monter la température. Après des décennies à osciller entre le grand rire et la baisse de régime, Murphy revient au premier plan d’une comédie d’action produite pour la plate-forme la plus visible du moment : Amazon Prime Video. The Pickup joue sur le ressort classique du « buddy movie » — deux hommes que tout oppose forcés de s’entendre face à un danger commun — et y ajoute la mécanique d’un braquage improbable. Le cocktail semblait tenir la promesse d’un divertissement pop, énergique et malin. À la sortie, le verdict critique est plus nuancé, parfois franchement sévère. Le film, sorti sur Prime Video le 6 août 2025, concentre louanges sur la complicité des comédiens et reproches sur un scénario qui s’essouffle et une mise en scène paresseuse.

De la tension sans la révolutionner

The Pickup démarre sur une routine de travail : Russell, chauffeur expérimenté d’un camion blindé, et Travis, jeune recrue enthousiaste, effectuent une tournée de dépôt d’argent qui doit rester banale. Cette routine vole en éclats lorsqu’ils sont pris pour cible par Zoe, une brillante et déterminée mastermind. Ce qui commence comme un vol raté — ou du moins mal compris — se transforme en une série de révélations : alliances temporaires, trahisons attendues, et un plan plus ambitieux qui dépasse la simple braquage de caisse. Le récit, fidèle au format action-comédie, mêle poursuites, quiproquos sentimentaux et retournements de situation, avec un accent sur la dynamique entre Murphy et Davidson. Le pitch se découvre à travers la bande-annonce et les résumés officiels mis en ligne par Amazon et la presse.

Tim Story : le faiseur de comédies commerciales derrière la caméra

Tim Story n’est pas un inconnu des comédies populaires américaines. Avec des titres comme Barbershop et Ride Along à son actif, il a fait carrière en pilotant des comédies de studio calibrées, capables d’atteindre un large public. The Pickup s’inscrit dans cette veine : gros casting, rythme pop, gags calibrés, scènes d’action accessibles. Story retrouve ici un terrain familier — la comédie physique, la dynamique de duo et la structure du film de divertissement — mais plusieurs critiques lui reprochent d’avoir trop peu transformé la matière première, se reposant sur la star power de Murphy plutôt que d’imposer une vraie personnalité de mise en scène. Le film porte néanmoins la marque d’un réalisateur qui sait construire des séquences lisibles et orientées spectacle, même si l’ensemble manque parfois d’audace. Les crédits officiels listent Story comme réalisateur et producteur, aux côtés d’autres noms de production bien connus.

La troupe : Eddie Murphy, Pete Davidson, Keke Palmer et Eva Longoria en premières lignes

La distribution de The Pickup est un atout indéniable. Eddie Murphy incarne Russell, l’homme d’expérience : présence charismatique, humour charnu, regards qui pèsent. Pete Davidson joue Travis, la voix jeune et bavarde qui essaye de s’imposer comme contrepoint moderne. Keke Palmer est Zoe, l’instigatrice du chaos ; elle apporte une énergie et une ruse qui, pour plusieurs critiques, font partie des rares éléments réellement saillants du film. Eva Longoria et d’autres têtes (Andrew Dice Clay, Marshawn Lynch, Ismael Cruz Córdova) viennent compléter un ensemble où chaque nom promet une saveur différente. Dans la pratique, l’alchimie entre Murphy et Davidson fonctionne souvent : leur duo crée des moments de comédie attachants même lorsque le scénario délasse ; plusieurs entretiens de plateau soulignent la camaraderie et les rires partagés qui ont jalonné le tournage. Toutefois, beaucoup de critiques estiment que la troupe est sous-exploitée — talents là, mise en valeur limitée.

Atlanta, ancrage pratique et incident en unité secondaire

La production a démarré à Atlanta au printemps 2024, et le tournage s’est déroulé dans un cadre de studio et de prises de vues extérieures classiques pour une comédie d’action. Le film a été développé par des structures de production importantes et financé comme un film de plate-forme, avec Davis Entertainment et Eddie Murphy Productions parmi les sociétés impliquées. Un événement notable du plateau mérite mention : une scène d’action de la seconde unité a donné lieu, le 20 avril 2024, à une collision entre un véhicule blindé et une voiture, provoquant le retournement des deux véhicules et blessant plusieurs membres de l’équipe. L’incident a fait l’objet de comptes rendus dans la presse et figure dans les dossiers de production. Ces péripéties logistiques, assez fréquentes dans les productions d’action, ont sans doute affecté le calendrier et l’énergie du tournage.

Style et fabrication : simple, lisible, parfois paresseux

Sur le plan formel, The Pickup ne cherche pas la sophistication. La photographie vise la lisibilité et l’efficacité, la mise en scène privilégie la clarté des gags et la lisibilité des poursuites plutôt qu’un travail de style poussé. La musique de Christopher Lennertz soutient l’ensemble sans jamais s’imposer comme élément à part entière ; le montage s’attache à maintenir un tempo vivant mais sans prises de risques significatives. Ce choix — volontaire ou circonstanciel — rend le film efficace pour un visionnage « divertissement pop » sur la plate-forme, mais condamne aussi le film à l’oubli : lorsqu’une comédie d’action n’apporte ni rupture de ton, ni invention formelle, elle devient dépendante de ses acteurs et de la justesse de son écriture. The Pickup accueille cette dépendance avec des hauts et des bas.

Des promesses narratives qui s’émoussent

L’écriture, signée par Matt Mider et Kevin Burrows, construit un canevas classique mais tient mal ses promesses sur la durée. L’idée d’un braquage « original » — où la planification dépasse la simple cupidité pour toucher à des motifs personnels — offre l’occasion d’ajouter de la profondeur aux personnages ; le film hésite cependant entre le gag immédiat et la révélation dramatique, et refuse trop souvent l’un pour l’autre. Plusieurs critiques pointent la répétition des situations comiques et la faiblesse d’un fil narratif qui peine à surprendre. En revanche, quelques retournements demeurent plaisants, et la dynamique des personnages principaux garde l’attention quand l’écriture fléchit. Au final, The Pickup ressemble à une bonne idée mal exploitée : assez de promesses pour intriguer, pas assez de discipline pour convaincre.

Quand le talent sauve partiellement la mise

Eddie Murphy apporte sa prestance habituelle ; il sait occuper un plan, moduler l’intonation et faire d’un simple regard un gag. Mais le consensus critique est qu’il est sous-exploité : placé parfois en retrait, il n’a pas toujours l’espace comique des meilleures de ses comédies. Pete Davidson, en revanche, polarise davantage : sa présence bavarde et sa manière de jouer sur l’autodérision fonctionnent par intermittence, mais pour certains observateurs elle finit par fatiguer. Keke Palmer est souvent citée comme la révélation du lot : énergie, charisme, et une capacité à animer l’intrigue quand le reste flanche. Eva Longoria, Andrew Dice Clay et les autres offrent des apparitions utiles mais rarement décisives. Bref : The Pickup n’est pas un film d’acteur raté — les comédiens font ce qu’ils peuvent —, mais il n’est pas non plus celui qui permet à chacun d’exprimer pleinement son potentiel.

Sourires forcés et critiques tranchantes

La réception presse est mitigée à négative. Des titres comme The Guardian se montrent sévères, parlant d’un Eddie Murphy étonnamment inoffensif et d’un film qui parvient à rendre l’acteur peu drôle dans certaines scènes. D’autres critiques, comme celle de The Hollywood Reporter, reconnaissent la chimie du trio principal et admettent que cette alchimie permet de sauver certaines séquences. Les agrégateurs confirment cette tendance : Metacritic affiche une note globalement défavorable et les revues en ligne oscillent entre le tiède et le cinglant. Sur le plan public, l’impact se mesure surtout à la visibilité qu’offre la sortie en streaming plutôt qu’à une exploitation en salles massive. En somme, The Pickup est perçu comme un divertissement mineur mais parfois plaisant si l’on accepte ses défauts.

Rien qui ne brille pour l’instant

À ce stade, The Pickup n’a pas été associé à un parcours festivalier prestigieux ni à des récompenses majeures. Le film a été pensé et distribué comme une production de plate-forme grand public, avec une sortie directe sur Prime Video le 6 août 2025. Ce type de trajectoire privilégie la visibilité immédiate auprès d’un large public plutôt que la quête de palmarès critiques, et c’est sans doute un choix stratégique compréhensible — mais qui ne favorise pas la reconnaissance institutionnelle. En l’état, aucune récompense notable n’est liée au film.

Divertissement jetable ou plaisir coupable ?

Après le visionnage, The Pickup laisse un goût double. D’un côté, on reconnaît des séquences efficaces, des moments où la mécanique comique fonctionne et où la complicité des acteurs procure un vrai plaisir. De l’autre, on sent une écriture qui s’essouffle, des choix de mise en scène trop conservateurs, et des occasions manquées de tirer parti d’un casting aussi singulier. Le film se regarde, parfois avec le sourire, parfois avec l’impression qu’il aurait pu — et dû — être plus audacieux. Pour les amateurs d’action-comédie sans prise de tête, c’est une option acceptable sur la plate-forme ; pour ceux qui attendent un retour en forme d’Eddie Murphy, l’attente pourrait rester en suspens.

Verdict final : regarder ou zapper ?

The Pickup n’est certainement pas un naufrage total ; il possède des atouts évidents — la présence magnétique d’Eddie Murphy, la fraîcheur intermittente de Pete Davidson, la verve de Keke Palmer — mais il est en même temps un exemple de ce qui arrive quand une comédie d’action préfère le confort du déjà-vu à l’audace. Si vous aimez les buddy movies rapides, les braquages candy et les soirées télé où l’on veut juste rire sans se poser de questions, le film mérite une séance. Si vous espérez un bijou d’écriture ou une réinvention du genre, il vous décevra. En clair : The Pickup divertit par intermittence, mais ne résiste pas à l’examen critique sur la durée.

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Charles-Henry

En perpétuelle recherche de nouveautés culturelles en tout genre.

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