Une montée d’adrénaline signée Carjackers

Films / Publié le 1 juillet 2025 par Rocky
Temps de lecture : 8 minutes
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Film Carjackers

Dans un paysage cinématographique assoiffé de sensations fortes, Carjackers fait une entrée remarquée en mars 2025. Ce thriller haletant, mêlant action de haute voltige et revendication sociale, repose sur un casting de jeunes talents prometteurs et le savoir-faire d’un metteur en scène inspiré. Avec pour toile de fond la vie dorée des hôtels de luxe, le film explore la rébellion d’une génération qui refuse de rester dans l’ombre. Décortiquons ensemble ce qui fait le charme et la limite de cette production française.

Entre élégance et braquages

Nora, Zoé, Steve et Prestance – quatre amis d’une vingtaine d’années – partagent un quotidien singulier. Le jour, ils travaillent dans un hôtel cossu : serveurs, valet parking, réceptionnistes… Personne ne se doute qu’ils forment, la nuit venue, une fine équipe de cambrioleurs, traquant les excès des riches clients pour leur subtiliser leur trésor roulant. Chaque pause déjeuner devient le théâtre de braquages minutieusement exécutés tandis qu’ils retournent impeccables à leur poste, sans éveiller les soupçons.

Mais lorsque des échos de ces méfaits atteignent Catherine Lang, la directrice de l’hôtel, celle-ci engage Elias, un mercenaire impitoyable, pour mettre fin à leur série d’attaques. S’ensuit une traque sans répit, où défi moral et tension extrême s’entrelacent, jusqu’à un final tendu où les masques tombent et le prix de la liberté se paye comptant  .

Kamel Guemra à la barre : fresque sociale ou hommage aux classiques?

Aux commandes de Carjackers se trouve Kamel Guemra, réalisateur et co-scénariste. Bien que peu connu du grand public, Guemra se positionne ici comme un artisan de l’action engagée, prêtant sa plume à la critique sociale tout autant qu’aux poursuites effrénées. Le film est co-écrit avec Morade Aïssaoui et Sledge Bidounga, qui donnent de la résonance aux personnages tout en injectant rythme et tension.

Guemra joue la carte d’un mélange d’inspirations : on voit poindre des clins d’œil à des classiques comme Heat, The Italian Job, ou encore Den of Thieves, dans leur côté gang organisé versus forces de l’ordre. Mais certains critiques reprochent au film de se disperser, tantôt slasher opportuniste, tantôt thriller âpre, sans toujours parvenir à s’affirmer  .

Les visages de la révolte

Zoé Marchal (Nora)

Au centre du film se trouve Zoé Marchal, qui incarne Nora, la figure de proue du quatuor. C’est elle qui orchestre les opérations et porte le film avec une élégance nerveuse, mêlant assurance, colère et fragilité. Son intensité trouve un écho particulier dans les scènes finales, pleines de tension et de regrets.

Franck Gastambide (Elias)

Face à elle, Franck Gastambide endosse le costume d’Elias, le chasseur impitoyable. Sa prestation est froide et déterminée ; il incarne un fauve traquant ses proies, assoiffé de justice… ou de violence ? Les critiques saluent la capacité de Gastambide à insuffler à son personnage une aura intimidante, presque inhumaine.

Bosh! (Steve)

Bosh!, de son vrai nom, interprète Steve, pilier silencieux de l’équipe. La sobriété de son jeu contraste avec les explosions extérieures, et cette retenue est vue comme un atout : un visage impassible capable de déchaîner la fureur dans l’action  .

Mareva Ranarivelo (Zoé) & Alassane Diong (Prestance)

Mareva Ranarivelo, alias Zoé, et Alassane Diong, dans le rôle de Prestance, jouent la complémentaire et l’ombre calme du groupe. Tous deux apportent de la chaleur humaine et de la cohésion au sein de ce quartet en tension. Leurs performances sont perçues comme rafraîchissantes, bien moins clinquantes que celles de leurs comparses, et renforcent la dynamique d’équipe  .

Mylène Jampanoï (Catherine Lang)

Mylène Jampanoï prête ses traits à Catherine Lang, directrice de l’hôtel. Elle incarne le désarroi face à une situation incontrôlable et le dilemme moral de sanctionner ou de protéger. Sa présence reçoit un accueil mesuré : solide, mais trop peu exploitée selon certains critiques.

Une entrée fracassante sur le ring des blockbusters français

Sorti le 28 mars 2025 sur Amazon Prime Video, Carjackers embrasse le genre du thriller d’action tout en revendiquant un discours social fort : celui de jeunes employés de palace qui volent les ultra-riches. Ce film, dirigé par Kamel Guemra, suscite un regard contrasté : salué pour ses scènes de poursuites, mais critiqué pour son scénario jugé générique. L’objectif de cet article : comprendre ce que Carjackers apporte au genre, ses mérites et ses limites, avec un détail inédit : sa façon de tourner, ses innovations techniques, la justesse des acteurs, et son éventuel impact sur la reconnaissance critique et festivalière.

Technique & action : de l’émotion brute au grand spectacle

Ludovic Zuili, directeur de la photographie, livre des plans soignés et urbains qui magnifient les courses-poursuites. Le travail sur les ombres, les reflets des voitures et l’aura nocturne sert le récit et crée une identité reconnaissable  .

Côté montage, Baxter et Camille Reysset maintiennent un rythme soutenu, misant sur des ellipses nerveuses et une structure progressive, jusqu’à basculer dans l’hémoglobine dans le troisième acte. Le retour critique est partagé : certains saluent le crescendo dramatique, d’autres déplorent un virage trop abrupt entre genres.

Enfin, la bande-son signée Paul‑Marie Barbier et Julien Grunberg appuie l’intensité et l’ambiance fiévreuse, alternant pulsations électro et orchestrations sombres, sans pour autant chercher à marquer durablement les esprits.

Révolution sociale ou divertissement déguisé ?

Carjackers se présente comme un film d’action classiste, ancré dans la mouvance « eat‑the‑rich ». Il évoque les injustices économiques en circulant dans les coulisses luxueuses de l’oligarchie, tout en restant un thriller urbain piégé entre le réalisme et le spectacle  .

Certains critiques estiment que l’exécution narrative trahit l’ambition sociale du film : on passe d’une révolte revendicative à un affrontement violent, sans creuser les motivations idéologiques ni laisser le temps de réfléchir. Carjackers paraît alors davantage jeu de rôles et sensations visuelles que manifeste politique.

Récompenses et réception critique : l’absence d’un triomphe officiel

Malgré une réception mitigée via streaming, Carjackers n’a (jusqu’à présent) aucune distinction majeure au box-office ni dans les festivals de prestige. Calendrier de production fin 2024, sortie streaming mars 2025, il ne figure pas encore dans les circuits de récompenses nationales (César, Cannes). Les critiques sont polarisés : notes spectateurs autour de 2/5 sur Rotten Tomatoes ou 2,2/5 sur AlloCiné, entre admiration pour l’action et déception narrative.

Les critiques pointent la filiation claire avec des classiques tels que Heat, Point Break, Den of Thieves ou The Italian Job. L’esthétique glacée des poursuites et la coordination de la bande font immédiatement songer à ces modèles, sans toutefois dépasser les standards établis.

Sur les réseaux, la réception du public diverge : certains célèbrent le cocktail action-social, tandis que d’autres jugent la copie trop fidèle pour qu’on puisse parler d’originalité. Cela se traduit notamment par des notes modérées (5/10 sur IMDb, 57 % sur JustWatch) et des avis tranchés  .

Verdict final : entre éclat visuel et manque d’identité

Carjackers est un polar d’action énergique, porté par une réalisation vive, un casting motivé et des scènes de braquage bien coordonnées. Les poursuites signées coordinateur Jean‑Claude Lagniez sont saluées . Mais le film reste attaché à ses modèles, manquant parfois d’ambition narrative et d’un style véritablement distinct. Les imperfections du script et les diapasons audio entachent l’immersion .

Un braquage audacieux, au style contrasté

Carjackers fait le pari audacieux de l’action hybride : thriller, film social et slasher. Porté par une réalisation engagée et un casting solide, il parvient à captiver par son rythme et ses courses-poursuites spectaculaires. Pourtant, l’ensemble manque parfois de relief, oscillant entre inspiration assumée et exécution inégale.

Le film de Kamel Guemra séduit comme un moment de défoulement visuel, mais il peine à s’imposer comme un manifeste. Un divertissement à voir pour la direction artistique et les performances, à critiquer pour ses ambitions un peu trop frontales. Pour les fans de l’action française calibrée Prime Video, il tient sa promesse : suffocant et effréné, jusqu’au dernier kilomètre.

Franck Gastambide dans Carjackers

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