David Charhon

David Charhon est un réalisateur, scénariste et producteur français qui s’est fait une place singulière dans le paysage du cinéma hexagonal en assumant pleinement un style inspiré du cinéma d’action américain, tout en y insufflant une touche d’humour et une énergie résolument contemporaine. Tour à tour auteur, entertainer et fin technicien, il fait partie de ces réalisateurs qui croient au pouvoir du grand spectacle, sans jamais négliger la narration ni le rythme. Dans un pays où le cinéma d’action peine parfois à s’imposer, David Charhon fait figure de pionnier.

Des débuts dans la comédie

David Charhon débute sa carrière dans les années 2000, en réalisant plusieurs courts-métrages et projets de publicité. Très vite, il se fait remarquer pour son style visuel nerveux et son goût pour les punchlines. Il se lance dans l’écriture de scénarios, et signe des collaborations pour la télévision avant de passer au grand écran.

En 2009, il réalise son premier long-métrage, Cyprien, avec Élie Semoun. Cette comédie décalée, dans laquelle un geek se transforme en playboy grâce à une crème magique, rencontre un succès modéré, mais permet à Charhon de mettre un pied solide dans l’univers du cinéma populaire français. Si Cyprien n’est pas resté dans les mémoires comme un chef-d’œuvre du genre, il montre déjà la volonté de son auteur de mêler effets visuels, comédie absurde et narration rythmée.

De l’autre côté du périph : le déclic

C’est en 2012 que David Charhon va véritablement imposer son style avec De l’autre côté du périph, un buddy movie à la française porté par Omar Sy et Laurent Lafitte. Dans ce film, il revisite le genre du polar comique en jouant sur le choc des cultures entre un flic de la banlieue et un inspecteur bourgeois. Le film fonctionne très bien en salles et devient un succès populaire, avec plus de 2 millions d’entrées. Il est salué pour son humour bien dosé, son rythme soutenu et l’alchimie de son duo d’acteurs.

Inspiré par les classiques américains comme 48 heures ou L’Arme fatale, Charhon réussit à adapter les codes du genre à la réalité sociale française. Le film traite de questions de classe et d’origine sans jamais perdre son ton léger, une prouesse qui contribue à son succès. Il marque aussi un tournant dans la carrière du réalisateur, qui s’affirme désormais comme un spécialiste du divertissement grand public maîtrisé.

Un cinéma à l’américaine

David Charhon revendique une inspiration clairement américaine dans sa mise en scène. Il aime les poursuites, les scènes d’action bien chorégraphiées, les dialogues percutants, et les personnages hauts en couleur. Mais il cherche aussi à conserver une identité française dans les thématiques abordées, que ce soit à travers les rapports sociaux, les clivages culturels ou les enjeux politiques implicites.

En 2022, il réalise The Takedown (Loin du Périph), suite spirituelle de De l’autre côté du périph, produite par Netflix. Le film marque le retour du duo Omar Sy – Laurent Lafitte, cette fois dans une enquête policière qui les mène de Paris à la campagne française. Le film assume encore plus clairement son ambition de blockbuster français : cascades spectaculaires, montage nerveux, humour efficace, et réalisation dynamique. La diffusion mondiale du film via la plateforme Netflix permet à Charhon de toucher un public bien plus large, et de confirmer son savoir-faire dans le registre de l’action comique.

Le Dernier Mercenaire : un hommage pop

Toujours pour Netflix, David Charhon écrit et réalise Le Dernier Mercenaire (2021), avec Jean-Claude Van Damme en tête d’affiche. Le film est une lettre d’amour au cinéma d’action des années 80-90, avec ses codes, ses exagérations, et son second degré assumé. Van Damme y joue un ancien agent secret obligé de sortir de l’ombre pour sauver son fils, dans une intrigue mêlant complot, infiltration, et scènes d’action explosives.

Le film divise la critique, certains lui reprochant un ton trop caricatural, mais il trouve son public chez les fans de Van Damme et du cinéma d’action rétro. Il montre surtout la capacité de Charhon à diriger des stars internationales, à orchestrer des scènes d’action ambitieuses, et à jouer sur la nostalgie avec malice.

Un réalisateur qui ose

David Charhon n’a jamais caché son ambition de faire un cinéma de genre en France, un terrain souvent jugé risqué par les producteurs. Il appartient à cette génération de cinéastes — aux côtés de Julien Leclercq ou Frédéric Jardin — qui veulent démontrer que le cinéma d’action peut exister en dehors d’Hollywood, avec un ancrage local, mais une ambition internationale.

Ce qui distingue Charhon, c’est son habileté à rendre ses films accessibles à un large public, tout en injectant suffisamment d’humour et de modernité pour captiver les spectateurs. Il n’hésite pas à travailler avec des plateformes de streaming comme Netflix, qu’il considère comme des partenaires stratégiques pour produire des œuvres ambitieuses dans un marché en mutation.

Une trajectoire à suivre

En quelques films, David Charhon s’est construit une filmographie cohérente, traversée par les thèmes de l’amitié, du dépassement de soi, et du choc des mondes. Sa mise en scène, influencée par les grands noms de l’action comme Shane Black ou John McTiernan, reste pourtant profondément personnelle, avec une touche française qui fait mouche.

S’il n’a pas encore atteint la reconnaissance critique de certains de ses pairs, il possède un véritable public, fidèle à son style et à ses projets. À l’heure où le cinéma de genre français tente de se renouveler, Charhon apparaît comme un acteur clé de cette transformation.

Partager cet article :