Valeria Golino

Valeria Golino est une actrice et réalisatrice italienne à la carrière aussi éclectique que brillante. Née entre deux cultures, elle a toujours navigué avec une élégance naturelle entre le cinéma d’auteur européen et les superproductions hollywoodiennes. Sensuelle sans artifice, charismatique sans excès, elle incarne un cinéma où l’intelligence, la profondeur et la liberté priment sur les conventions. Avec plus de quatre décennies de carrière, elle est aujourd’hui une figure incontournable du 7e art, à la fois muse, femme engagée et artiste à part entière.

Une enfance entre l’Italie et la Grèce

Valeria Golino naît le 22 octobre 1965 à Naples, d’un père italien germaniste et d’une mère grecque peintre. Elle grandit entre l’Italie et la Grèce, baignant dans un univers artistique dès son plus jeune âge. D’abord attirée par la peinture et la mode, elle est repérée à 17 ans par le réalisateur italien Lina Wertmüller, qui lui offre son premier rôle au cinéma dans Scherzo del destino (1983). C’est le début d’un long voyage dans le monde du cinéma.

Elle enchaîne rapidement avec des films italiens d’auteur, et son talent ne passe pas inaperçu. En 1986, elle remporte le prix de la Meilleure actrice à la Mostra de Venise pour Storia d’amore de Francesco Maselli. Ce prix prestigieux confirme son statut d’étoile montante du cinéma européen.

Percée internationale : entre glamour et dérision

Au tournant des années 1980-1990, Valeria Golino part à la conquête de Hollywood. Elle obtient des rôles dans plusieurs films américains à succès, mais c’est en 1988 qu’elle marque vraiment les esprits grâce à Rain Man de Barry Levinson, aux côtés de Dustin Hoffman et Tom Cruise. Elle y incarne la petite amie de Charlie Babbitt, rôle subtil et sincère qui lui offre une visibilité internationale.

Mais c’est avec Hot Shots! (1991) et sa suite Hot Shots! Part Deux (1993), que le grand public découvre une autre facette de son talent : son génie comique. Dans ces parodies de Top Gun et de Rambo, elle donne la réplique à Charlie Sheen avec une autodérision et une justesse hilarantes. Son accent italien devient même un ressort comique, et elle s’impose comme une actrice capable de jouer dans tous les registres — du drame le plus profond à la satire la plus loufoque.

Une carrière européenne riche et engagée

Après sa parenthèse hollywoodienne, Valeria Golino retourne vers un cinéma plus personnel. Elle travaille avec les plus grands réalisateurs européens : Peter Del Monte, Michele Placido, Silvio Soldini, Anton Corbijn, Emanuele Crialese, ou encore Paolo Virzì. Son jeu se distingue toujours par une sobriété puissante, une sensualité maîtrisée et une profondeur émotionnelle rare.

Elle joue notamment dans Respiro (2002), un rôle marquant de femme libre et sauvage dans une Sicile oppressante, qui lui vaut une reconnaissance critique unanime à Cannes. Puis, elle impressionne dans La ragazza del lago (2007), Caos Calmo (2008) ou encore Miele (2013), qui marquent un virage vers des rôles plus complexes, souvent liés à des problématiques sociales ou existentielles.

Réalisatrice sensible et audacieuse

En 2013, Valeria Golino passe pour la première fois derrière la caméra avec Miele, un drame délicat sur l’euthanasie, sélectionné à Un Certain Regard à Cannes. Ce film, à la mise en scène élégante et sobre, révèle sa capacité à aborder des sujets lourds avec justesse et sensibilité. Elle y traite la mort avec douceur, et la complexité morale sans jamais tomber dans le pathos.

Son deuxième long-métrage, Euforia (2018), présenté également à Cannes, explore les relations fraternelles dans une Italie contemporaine marquée par le non-dit et la pudeur des émotions. Là encore, elle propose un regard intime, fin, presque chirurgical, sur l’humain, les liens familiaux, le secret et la maladie.

Avec ses deux films, elle s’impose comme une cinéaste à suivre, capable d’inventer un langage personnel, entre émotion contenue et poésie du réel.

Une actrice libre, une femme forte

Valeria Golino n’a jamais cherché à devenir une icône glamour, même si sa beauté méditerranéenne, ses yeux bleu-vert perçants et sa voix rauque ont marqué toute une époque. Elle a toujours préféré les chemins de traverse aux grands tapis rouges. Discrète dans les médias, peu attirée par les blockbusters, elle a cultivé une image d’actrice exigeante, entière, à l’écoute des autres et de ses propres intuitions artistiques.

Féministe sans slogan, elle défend la liberté de choix, d’expression, et la place des femmes dans le cinéma européen. Elle n’a jamais hésité à soutenir les causes LGBTQ+, à parler de la santé mentale, ou à dénoncer les inégalités systémiques dans l’industrie.

Une filmographie multilingue et transfrontalière

Parlant couramment l’italien, le grec, le français et l’anglais, Valeria Golino a su construire une carrière sans frontières. Elle incarne une forme de modernité européenne : plurielle, fluide, mobile. Sa capacité à jouer dans plusieurs langues avec la même intensité lui a permis d’échapper à toute forme de stéréotype, et de collaborer avec des artistes de cultures variées.

Elle a tourné en Italie, en France, aux États-Unis, en Allemagne, en Grèce, dans des productions indépendantes comme dans des films plus grand public, toujours fidèle à son exigence artistique.

Une étoile toujours brillante

Aujourd’hui, Valeria Golino continue de tourner, de réaliser, et d’inspirer. Elle alterne avec finesse les projets d’auteur et les incursions plus légères, prouvant que la maturité n’entrave en rien la créativité. Elle prépare actuellement son troisième film, tout en continuant de choisir des rôles de femmes fortes, fragiles, paradoxales — comme la vie elle-même.

Si elle est moins présente sur la scène médiatique que d’autres stars de sa génération, elle reste une référence pour tous les cinéastes et spectateurs en quête d’un cinéma sincère, incarné, poétique et sans artifice.

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