
Dans la vaste forêt des comédies romantiques Netflix, The Life List (sorti le 28 mars 2025) s’érige en proposition sincère, sensible et, parfois, un peu agréable. Signée Adam Brooks, figure familière du genre (scénariste de Bridget Jones: The Edge of Reason, réalisateur de Definitely, Maybe), l’œuvre adapte le roman à succès de Lori Nelson Spielman. Le film suit Alex Rose, interprétée avec chaleur et nuance par Sofia Carson, une trentenaire en crise à la suite du décès de sa mère, Elizabeth (Connie Britton). Cette dernière délivre un ultime cadeau : la réalisation de tous les rêves d’adolescente de sa fille – un carnet d’objectifs à compléter sous peine d’héritage refusé. Cet instant déclencheur décline un bouleversant mélange d’humour, de larmes et de redécouverte.
Le cœur du récit : une quête initiatique sous forme de to‑do list
À la mort d’Elizabeth, Alex perd non seulement sa mère, mais aussi son statut dans l’entreprise familiale et sa stabilité. Elle doit alors entreprendre une introspection guidée par un carnet de vœux formulés à 13 ans. Chaque tâche accomplie débloque une cassette vidéo posthume et un épisode de sa mémoire affective. La liste inclut, notamment :
- lire Moby Dick dans son intégralité,
- donner un cours en tant qu’enseignante,
- recevoir un tatouage,
- faire la paix avec son père Samuel (José Zúñiga),
- découvrir l’amour véritable.
À ses côtés, Brad, avocat déterminé joué par Kyle Allen, joue le rôle de guide impartial mais empathique. Des romances se tissent, notamment avec Garrett (Sebastian de Souza), mais la dimension la plus touchante naît de sa relation avec sa famille : ses frères Lucas et Julian, leurs épouses Zoe et Catherine, et surtout la confrontation avec ses non‑dits familiaux. Alex chemine ainsi vers une version plus authentique et épanouie d’elle‑même.
Adam Brooks : le Touche‑à‑tout qui revisite la comédie sentimentale
Derrière la caméra se trouve Adam Brooks, un vétéran des comédies romantiques contemporaines. Auteur du scénario et réalisateur de Definitely, Maybe, et collaborateur sur Bridget Jones: The Edge of Reason, il fait ses preuves ici aussi . The Life List se présente comme l’extension naturelle de son style : une narration centrée sur la quête personnelle, ponctuée de moments drôles, de réflexions sur les liens familiaux et les choix de vie.
La mise en scène mise peu sur la rupture formelle, mais tente de faire exister l’émotion par le duo Sofia Carson / Connie Britton. Le réalisateur choisit une palette visuelle douce, une lumière qui rappelle l’intimité d’un cocon, avec souvent les paysages de Nyack (New York) en arrière‑plan . Pour les connaisseurs, le charme nostalgique des années 90/2000 se reflète dans ses choix de costumes, meubles, et musiques discrètes, vraisemblablement composées par Will Bates.
Cependant, ce classicisme a un prix : certains critiques jugent le film trop convenu, trop « Hallmark » et peu surprenant. Malgré cela, Brooks parvient à créer des instants lumineux, notamment dans les interactions mère‑fille via les cassettes, qui compensent la prévisibilité générale.
Les acteurs principaux : incarnations convaincantes d’un chemin vers soi
- Sofia Carson (Alex Rose) : surtout connue pour ses rôles chez Disney (la saga Descendants), Sofia Carson transcende ici ses origines pour habiter une héroïne en crise existentielle. Elle porte la majorité du récit, oscillant habilement entre fragilité, nervosité et aplomb. Les critiques la qualifient de « captivante » et sa performance, bien que dans un registre déjà vu, est jugée sincère
- Connie Britton (Elizabeth Rose) : la star de Friday Night Lights et The White Lotus incarne la mère terminalement malade. Bien que son apparition se limite à des vidéos préenregistrées, elle offre à chaque fois une intensité chaleureuse et empathique, soutenant efficacement la dynamique émotionnelle de l’intrigue
- Kyle Allen (Brad Ackerman) : en avocat bienveillant, sa prestation est décrite comme « nuancée » et bénéficiant d’un charisme discret. Certains critiques lui reprochent un manque de chimie avec Carson – touchant à un aspect du triangle amoureux considéré maladroit
- Sebastian de Souza (Garrett Taylor) : intérêt romantique secondaire, il incarne l’alternative plus sûre et rassurante. Son rôle complète les ambiguïtés sentimentales du récit, tandis que sa performance est jugée « charismatique »
- José Zúñiga (Samuel) : dans le rôle du père absent, il apporte la gravité nécessaire à la réconciliation familiale. Sa présence confère parfois une touche dramatique bienvenue, contrastant avec les arcs plus légers
Le film s’enrichit aussi de seconds rôles bien campés : Dario Ladani Sanchez, Marianne Rendón, Federico Rodriguez, Maria Jung, etc., qui incarnent la fratrie, les proches, et offrent une toile contextuelle douce mais efficace
Tournage, repérage, direction : immersion dans un New York sincère
La production s’est déroulée de mars à décembre 2024, avec le tournage entre mars et septembre, principalement dans New York City (Brooklyn, Manhattan), à Nyack, et même dans quelques scènes en New Jersey. Le réalisateur, New‑Yorkais, tenait à éviter les clichés visuels : les scènes dans le métro, à Washington Square, sur la promenade de Brooklyn, sont voulues comme des instantanés urbains, non calibrés . Les séquences tournées à Nyack — l’église, le restaurant transformé en Purdy’s — illustrent bien le passage du cadre citadin à l’intime, la nostalgie tangible du Vermont. À noter, le choice of Florian Ballhaus à la caméra assure des images propres, mais peu audacieuses
Un mix de critiques : sincérité contre clichés
Dès sa sortie, The Life List a divisé la critique et le public :
- Les éloges saluent une trame sentimentale mais sincère, portée par des performances authentiques et quelques instants de grâce mère‑fille
- Les détracteurs dénoncent un manque d’audace, des tendances vers le cliché “feel-good” commercial et une intrigue trop convenue .
Sur Rotten Tomatoes, le film obtient un score critique de 45 % et une note moyenne de 5,1/10, avec un consensus estimant le film « efficace mais trop cadré ». Metacritic le classe à 49/100, témoignant d’un accueil mitigé.
Malgré tout, il se hisse en pole position des films Netflix aux États‑Unis la semaine du 8 avril, preuve d’un fort pouvoir d’attraction, notamment auprès des amateurs du genre.
Apporte-t-il des éléments nouveaux ? Une innovation à nuancer
Le concept d’une bucket‑list posthume n’est pas révolutionnaire, mais la production insuffle une dimension interactive inédite. Le spectateur est autant placé face à ses résolutions que l’héroïne, d’où un impact émotionnel réel : des spectateurs auraient renoncé à des relations ou changé de métier, rapporte Netflix . C’est un petit bonus : un rom‑com qui bouscule les habitudes. L’idée d’un héritage conditionné (= obliger à accomplir ses rêves) ajoute un ressort dramatique original.
Côté forme, pas d’audace majeure. On reste dans une comédie sentimentale douce, classique. Les innovations sont conceptuelles, non filmiques.
Un cocon prometteur mais sans risque
The Life List ne réinvente pas la rom‑com : il emprunte des routes connues, des archétypes attendus, un ressort émotionnel calibré. Mais il le fait avec cœur, ancré dans des performances solides (bravo à Carson et Britton) et un rythme qui, s’il frôle parfois la mièvrerie, évite le catastrophique. Pour qui cherche à se reconnecter à ses rêves enfantins, à des émotions universelles sur le deuil, l’amour, la famille, ce film offre un cocon de 2 h² légèrement mou, mais souvent touchant.
En tant que critique, je recommanderais aux amateurs du genre de tester ce voyage sensible, à condition d’accepter le bémol : vous aurez deviné la destination, mais le trajet épouse une douce mélancolie contagieuse. Si vous préférez l’imprévu et l’originalité formelle, The Life List pourrait sembler trop lisse. Mais dans l’univers feutré des comédies sentimentales, il laisse une empreinte véritable, portée par la promesse tenue d’un road‑trip intérieur tendre et réconfortant.
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