Hades II : quand le royaume des ténèbres se réinvente

Jeux vidéos / Publié le 20 novembre 2025 par Guillaume
Temps de lecture : 9 minutes
Roguelike

Plongée dans les Enfers garantie : avec Hades II, Supergiant Games signe une suite ambitieuse à son roguelike culte. Disponible en Early Access depuis mai 2024 sur PC, le jeu atteint enfin sa version 1.0 le 25 septembre 2025, sur PC, Nintendo Switch et Switch 2. Dans cette critique, nous décortiquons les forces, les évolutions… et les quelques limites de cette descente infernale menée par Mélinoé.

Hades II : la suite que l’on attendait-elle ?

Supergiant Games, le studio indépendant réputé pour des pépites comme Bastion, Transistor ou le premier Hades, s’est lancé dans sa première vraie suite avec Hades II. Après un très réussi Hades sorti en 2020, la pression était énorme : rester fidèle à la formule tout en proposant suffisamment de renouveau. Le pari est audacieux : donner à un nouveau protagoniste (Mélinoé) un destin grandiose, tout en conservant la boucle addictive des runs roguelike.

L’Early Access, lancé le 6 mai 2024 (PC – Steam, Epic), a servi de banc d’essai auprès de la communauté. Cela a permis aux développeurs de peaufiner l’équilibre, d’ajouter des contenus (armes, dieux, secrets) et d’itérer selon les retours. Le passage en version 1.0, le 25 septembre 2025, marque l’aboutissement de cette phase.

Ambiance et direction artistique : un style qui frappe

L’identité visuelle de Hades II est un des points les plus marquants. Fidèle au style pictural de Supergiant, le jeu offre des décors peints à la main, profonds et riches, qui évoquent à la fois la majesté de l’Olympe et la densité inquiétante des Enfers. Les environnements sont variés : on passe des tréfonds sombres à des reliefs baignés de lumière olympienne, en suivant la quête de Mélinoé.

Les animations en temps réel sont plus fluides que jamais : les personnages — dieux, titans, bêtes mythiques — gagnent en expressivité, avec un travail de rendu 3D très soigné. Cette direction artistique donne une cohérence visuelle forte, qui renforce l’immersion dans ce monde mythologique sombre et en constante métamorphose.

Gameplay et progression : roguelike réinventé ou remix sécurisé ?

Sur le plan du gameplay, Hades II développe et enrichit la recette du premier opus. Chaque “run” (tentative) reste au cœur de l’expérience : le joueur progresse en explorant des zones, en affrontant des ennemis, en obtenant des boons (bénédictions) des dieux, tout en accumulant des ressources pour renforcer Mélinoé entre les runs.

Mais cette suite innove à plusieurs niveaux :

  • Nouvelles armes et mécaniques : Mélinoé dispose de plusieurs armes distinctes, chacune avec des styles de combat différents, et de nouveaux sorts qui introduisent plus de variété.
  • Systèmes de progression permanents : même si un run se termine, certaines améliorations s’appliquent de façon durable, ce qui diminue la frustration d’un échec.
  • Nouvelles “runes” ou “outils” : l’introduction d’éléments comme l’Arcana Altar permet de manipuler des pouvoirs plus riches, et de construire des combinaisons stratégiques plus profondes.
  • Compagnons familiers : des familiers magiques accompagnent parfois Mélinoé, apportant des bonus ou modifiant la façon de jouer.

Ces évolutions rendent le gameplay plus stratégique, moins aléatoire et plus accessible, tout en conservant la tension et l’envie de rejouer. Toutefois, la base roguelike reste bien là : chaque run présente son lot de surprises, de risques, et la nécessité d’adapter sa stratégie.

La voix et les personnages : la galerie divine prend vie

Le casting de Hades II ne déçoit pas. Au centre, Mélinoé, princesse des Enfers et sœur de Zagreus, porte l’histoire avec une personnalité complexe : à la fois puissante, vulnérable, déterminée à affronter Chronos, le Titan du Temps. Son écriture est riche ; elle évolue au fil des runs, approfondissant ses relations avec d’autres divinités.

Les dialogues sont nombreux et bien écrits, rythmés par des moments d’humour, de tension dramatique, et de révélation mythologique. Les dieux de l’Olympe, les Titans et d’autres figures mythiques apparaissent avec des voix soigneusement doublées, et leurs bénédictions (boons) sont non seulement mécaniques, mais s’accompagnent de petites conversations, ce qui renforce l’immersion.

La narration est modulable : selon vos choix, vos échecs et vos réussites, des arcs se débloquent ou évoluent, donnant un sentiment de progression non linéaire très satisfaisant.

Musique et ambiance sonore : une bande-son à la hauteur

Impossible de parler de Hades II sans évoquer la bande-son magistrale de Darren Korb. Le compositeur, fidèle à Supergiant Games, signe une musique dense, variée, et émotionnelle : on passe de thèmes contemplatifs à des morceaux épiques ou sombres selon les zones. L’OST complète contient environ 52 pistes pour près de 4 heures de musique.

Certains morceaux (boss, zones clés) utilisent des motifs récurrents qui font écho au premier Hades, mais Korb parvient à les réinventer pour correspondre à la tonalité plus “titanesque” de cette suite. Le thème de Chronos, par exemple, est mémorable, dramatique et chargé d’émotion.

Le son dans le jeu est aussi très bien mixé : les effets de combat, les sortilèges, les dashes et les impacts s’intègrent parfaitement à la musique, sans que celle-ci ne devienne envahissante. L’équilibre sonore renforce l’action sans la distraire.

Technique et performances : de l’Early Access à la 1.0

La transition de l’Early Access à la version 1.0 de Hades II a été bien maîtrisée. Supergiant Games a communiqué clairement la feuille de route, avec des correctifs, des optimisations et des équilibrages.

Techniquement, le jeu est très stable : les temps de chargement sont raisonnables, même sur des runs fréquents. Aucun bug majeur ne semble gâcher l’expérience principale, même s’il peut rester quelques soucis mineurs (dans certaines runs très longues ou sur des builds très exotiques).

Côté console, la Switch 2 offre des performances impressionnantes : en mode TV, le jeu vise 120 fps à 1080p. En mode portable, il tourne à 60 fps à 1080p. La Switch “classique” atteint quant à elle 60 fps à 720p. Supergiant a aussi prévu le cross-save entre Steam / Epic (PC) et les versions Switch, ce qui fluidifie la continuité du jeu entre plateformes.

Par ailleurs, l’édition physique prévue le 20 novembre 2025 inclus un “Character Compendium” et un code pour télécharger l’OST — une attention bienvenue pour les collectionneurs.

Durée de vie et rejouabilité : le roguelike en action

C’est là toute la beauté de Hades II : chaque run est unique, enrichie par une grande variété de choix, de stratégies et d’imprévus. Grâce aux systèmes de progression permanents, rejouer ne sert pas seulement à “faire mieux”, mais à évoluer réellement.

La rejouabilité est renforcée par :

  • des segments narratifs variés : la quête de Chronos, les interactions avec les dieux, les révélations de la mythologie,
  • des nouvelles zones (Ex. l’Olympe) : la diversité des biomes incite à explorer différentes routes,
  • des familiers et outils à débloquer, qui changent la façon de jouer,
  • des mises à jour post-lancement : durant l’Early Access, des patchs comme la “Warsong Update” ont ajouté du contenu, des dieux (Ares), et de nouvelles mécaniques.

En résumé, Hades II réussit le pari d’un roguelike à la fois exigeant et généreux : l’échec ne punit pas totalement, il enseigne, incite à revenir, et pousse à découvrir.

Comparaison avec Hades (2020) : évolution ou plus-du-même ?

Il est naturel de comparer Hades II à son illustre prédécesseur. Voici les principaux points de comparaison :

  • Narration : Si Hades (2020) était centré sur Zagreus et sa fuite de l’Hadès, Hades II élargit l’échelle : Mélinoé affronte Chronos, explore l’Olympe, et noue des liens plus profonds avec d’autres divinités.
  • Gameplay : Le premier jeu avait une mécanique de boon classique, des armes et des “pactes” simples ; la suite ajoute des systèmes plus complexes (Arcana, familiers, progression permanente) qui introduisent plus de choix stratégiques.
  • Difficulté et rejouabilité : Hades II conserve la “difficulté roguelike” — mais rend la progression plus douce grâce à des améliorations persistantes, ce qui le rend plus accessible aux nouveaux joueurs sans frustrer les vétérans.
  • Ambiance artistique : La direction visuelle et sonore reste dans l’esprit Supergiant, mais pousse plus loin la qualité : des environnements plus vastes, des compositions musicales plus ambitieuses, des animations plus riches.

Au final, Hades II n’est pas une simple itération : c’est une réinvention maîtrisée qui respecte ses racines tout en s’élargissant.

Points forts

  • Richesse narrative : Mélinoé, Chronos, et la galerie mythologique offrent une histoire dense et captivante.
  • Gameplay diversifié : armes variées, sorts, systèmes de progression, familiers, tout contribue à renouveler les runs.
  • Direction artistique exceptionnelle : graphismes peints à la main, animations fluides, monde mythologique magnifiquement rendu.
  • Bande-son épique : Darren Korb livre une OST de qualité, à la fois émotive et grandiose.
  • Performances techniques solides : 120 fps sur Switch 2, stabilité sur PC, cross-save, mise à jour gratuite depuis Early Access.
  • Rejouabilité puissante : le jeu encourage à recommencer, avec de vraies récompenses permanentes et des chemins variés.

Points faibles / réserves

  • Répétitivité inhérente au roguelike : malgré la variété, certains runs peuvent encore devenir un peu redondants, notamment pour les joueurs “grinder”.
  • Barrière technique : pour profiter pleinement des 120 fps, il faut un écran 120 Hz compatible sur Switch 2, ce qui limite l’expérience sur certains téléviseurs.
  • Exclusivité console “timed” : la version 1.0 est lancée d’abord sur Switch / Switch 2, ce qui peut frustrer les joueurs PS5 / Xbox.
  • Courbe d’apprentissage : les nouveaux systèmes (Arcana, progression permanente) peuvent déconcerter les joueurs moins familiers avec la formule Supergiant.

Un pèlerinage mythologique inoubliable

Note : 4/5

Hades II est une réussite majeure : Supergiant Games signe non seulement une suite digne de ce nom, mais elle élève la formule à un nouveau niveau. Mélinoé est un protagoniste charismatique, le gameplay gagne en profondeur, l’univers visuel et sonore est splendide, et la rejouabilité reste au cœur de l’expérience.

Ce jeu s’adresse à la fois aux fans du premier Hades, aux amateurs de roguelike exigeants, et aux nouveaux venus qui recherchent une aventure mythologique forte. Si vous cherchez un jeu capable de vous faire revenir encore et encore, Hades II est une excellente porte d’entrée – et une destination à part entière.

Notre avis :

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Guillaume

Je suis Guillaume, critique de films passionné dont les analyses incisives et captivantes enrichissent le monde du cinéma. Avec un flair pour déceler les subtilités artistiques, je partage mes réflexions à travers des critiques percutantes et réfléchies. Mon expertise, alliée à une plume élégante, fait de moi une voix influente dans l'univers cinématographique.

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